"LA SOLITUDE DU COUREUR DE FOND" DE TONY RICHARDSON

Vendredi 10 février 2017 à 19h, projection à la Maison du livre de l’image et du son, dans le cadre du festival Ciné O’Clock, en partenariat avec le cinéma Le Zola - Entrée libre et gratuite

La solitude du coureur de fond (The Loneliness of the Long Distance Runner)

Un film de Tony Richardson (Royaume-Uni, 1965, VOstf, 1h44), scénario Alan Sillitoe d’après sa nouvelle éponyme, musique John Addison, avec Tom Courtenay (Colin Smith) et Michael Redgrave (Ruxton Towers)

BAFTA Awards 1963 du Meilleur espoir masculin pour Tom Courtenay

Par un soir d’hiver, à Nottingham, Colin Smith et son comparse cambriolent une boulangerie et s’enfuient avec la caisse. Colin est arrêté et envoyé en maison de redressement où il se distingue rapidement par ses qualités de coureur de fond. Pendant ses longues courses solitaires, le jeune homme s’évade en rêveries, déroule le film de sa vie passée, avec ses douleurs familiales et ses joies amoureuses. Le jour de la course, Colin s’arrête délibérément devant la ligne d’arrivée, refusant de jouer le jeu de l’institution.

Deux ans après la réussite et le succès de Un goût de miel, Tony Richardson (1928-1991) poursuit dans l’adaptation littéraire en transposant à l’écran un roman d’Alan Sillitoe, à qui il confie le soin d’écrire le scénario. On retrouve dans le film toute la force du livre, à travers cette histoire de jeune inadapté refusant d’être récupéré par un système responsable de ses échecs.

La solitude du coureur de fond forme, sur le plan cinématographique, une synthèse entre un cinéma classique et un art plus contestataire et novateur, sur le fond comme sur la forme.

Du premier, Tony Richardson retient la solidité d’un matériau littéraire. A un cinéma nouveau, il emprunte le récit, l’exploration de l’inconscient du protagoniste et surtout des innovations techniques et thématiques : une caméra légère, cerne au plus près un antihéros épris de liberté mais étouffant dans le carcan d’une société conservatrice, inégalitaire et stigmatisante, ne pardonnant pas le moindre écart à ses éléments déviants.

C’est par cet aspect que le film de Tony Richardson trouve sa force, sans que jamais le cinéaste ne verse dans la lourdeur démonstrative du film à thèse ou dans les clichés de la rédemption et de la réintégration par un sport salvateur, Colin finissant par choisir son libre arbitre, fidèle à sa rébellion.

En ce sens, il est bien le cousin anglais de Antoine Doinel dans Les 400 coups et annonce les personnages déshérités des œuvres de  Leigh et Loach, bien avant les ravages sociaux du thatchérisme.

Poétique par son écriture cinématographique et politique par sa rage dénonciatrice, La solitude du coureur de fond est bien une date clef dans l’histoire du cinéma anglais.

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