Allemagne, années 1930. Zishe Breitbart est un simple forgeron juif polonais. Doté d'une force herculéenne, il est engagé par Hanussen, un directeur de cabaret, qui pratique également d'impressionnants numéros d'hypnose. Hanussen entretient des relations avec certains membres du parti nazi, et espère exercer des responsabilités dans le futur gouvernement. Il demande à Zishe d'interpréter sur scène les héros de la mythologie allemande. Les spectateurs devront ignorer qu'il est juif...

Même s’il traite de faits historiques réels et s’inspire d’un personnage vrai devenu légendaire, cette destinée édifiante oriente le film vers la fable, en accord avec la personnalité ténébreuse du cinéaste, visionnaire fou dont les films explorent la face sombre de l’humanité, le combat de la raison et de l’irrationnel.

Cette histoire presque trop romanesque et symbolique pour être vraie fournit à Werner Herzog le matériau idéal qui lui permet de revenir sur les thèmes principaux de son œuvre : le mal et la magie, la surhumanité et la monstruosité, l’innocence et la violence, L’Histoire et le spectacle… Les numéros d’hypnose renvoient évidemment aux propres expériences de Herzog sur certains de ses tournages tandis que Zishe s’ajoute aux personnages d’hommes enfants (Kaspar Hauser, Bruno) et Hanussen aux mégalomanes campés par Klaus Kinski.(...)Le film de Werner Herzog était donc en 2001, par son esthétique et son propos, totalement inactuel, mais il ne déméritait pas de l’œuvre, unique et totalement marginale, du cinéaste. On peut bien sûr lui reprocher l’ambiguïté de son discours, le ressassement des mythes germaniques et bibliques, les références picturales insistantes, mais aussi être saisi par la beauté intemporelle du film et de l’interprétation. Olivier Père. Arte.tv

Animé d'une ambition et d'une démesure sans bornes, Werner Herzog creuse un sillon particulièrement original. D'abord affecté au nouveau cinéma allemand dans les années 1970, ses collaborations avec Klaus Kinski (l'imposant Aguirre) puis ses projets fous aux quatre coins du monde (l'errance démiurgique de Fitzcarraldo, la carrière hollywoodienne) en font un des personnages le plus fou et le plus génial du cinéma mondial. Indépendant forcené, animé d'une passion quasi-démiurgique pour le septième art, il réalise son premier long-métrage, Signes de vie, en 1968, et remporte l'Ours d'Argent à Berlin. Aux côtés de Fassbinder, Schlöndorff et d'autres, il est alors très vite désigné comme un des tenants du Nouveau cinéma allemand, courant avec lequel il n'entretient pourtant que peu de relations. Ainsi, Aguirre, La Colère de dieu, fresque mythique et panthéiste lui vaut une reconnaissance internationale  mais l'isole de ses compatriotes. C'est le début d'une première période de "Kinski-film" où Werner Herzog, malgré la tension qui existe avec l'acteur, tourne plusieurs films avec lui : Woyzeck (1979), Nosferatu, fantôme de la nuit (1979), Fitzcarraldo. Régulièrement primé à Cannes et ailleurs, Werner Herzog entame ensuite une vie de globe-trotter du cinéma tournant en Afrique avec Fata morgana, au Pérou pour Fitzcarraldo, en Australie avec Le pays où rêvent les fourmis vertes ou encore en Colombie et au Ghana avec Cobra verde. Il est également l'auteur de films documentaires remarquables : Ennemis intimes, consacré à ses relations avec Kinski, Grizzly man, terrible portrait d'un homme dévoré par les ours qu'ils défendaient, ou encore La Grotte des rêves perdus, film sur la grotte Chauvet en Ardèche.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.