CABINET DE CURIOSITÉS
La Fonte
Documentaire sur une aciérie de la ville de Rustavi en Géorgie. Film sans paroles. (...) Dans ce film où pas un mot - moins
encore un slogan - ne vient parasiter, dans la bande-son, le halètement
des machines, ce qui est mis en valeur, ce n'est pas la musculature de
choc de l'ouvrier, mais l'ordinaire beauté des gestes du quotidien :
balayeur nettoyant le sol, fondeur touillant la soupe d'acier à même la
gueule du four. Et, lorsque s'achève le film, les hommes au vestiaire,
décrassés des suies du travail, enfilent avec une voluptueuse lenteur
une chemise propre. Ils se savent beaux, prêts pour la cérémonie sociale
qui les fera, au cercle, au café, dans la rue, retrouver les autres,
leurs semblables. C'est cela, le savoir-vivre.
Emiel Breton, Otar le savoir-vivre, Passages, Strasbourg, 1995.
Après Avril, Iosseliani réalise La Fonte,
un documentaire réalisé en 1964 sur son expérience en usine, salué à sa
sortie par Georges Sadoul. Ce dernier insiste d’ailleurs sur l’accent
mis, non pas sur les machines, mais sur les hommes qui y travaillent.
Pas de glorification des gestes de l’ouvrier, mais un intérêt constant
porté aux petits faits quotidiens. La genèse en quelque sorte de La Chute des feuilles, son premier long métrage.
Otar Iosseliani est un cinéaste du désenchantement
doux. Ses films multiplient les gags discrets, les furtives notations
burlesques, à l'intérieur de récits souvent faussement lâches,
mensongèrement désinvoltes. (...) La recherche épicurienne des plaisirs
les plus simples, l'éloge de la paresse, la quête de ce qui, autour de
soi, mérite d'être vu pour peu qu'on prenne le temps de s'en délecter,
sont les clés de son cinéma.
Le Monde.
Après
avoir étudié le piano, les mathématiques et la mécanique, Otar
Iosseliani s'oriente vers le 7ème Art au VGIK, l'école de cinéma de
Moscou. Il y réalise plusieurs courts métrages et un moyen métrage en
1961, intitulé Avril qui est interdit par les autorités locales. Une mésaventure qui se reproduit notamment avec La Chute des feuilles, son premier long métrage. "Ces
films n'étaient pas anti-soviétiques. Ils décrivaient la réalité qui
pouvait se passer du système, les problèmes humains qui continuaient à
exister et qui, peut-être, pour la censure, soulignaient le côté
passager du bolchevisme", explique le cinéaste. Depuis 1982, Otar Iosseliani poursuit sa carrière en France avec Les Favoris de la lune ou La Chasse aux papillons. Mais le cinéaste reste fidèle à sa méthode : utiliser les ressorts de la comédie, parler des choses les plus graves en souriant, confie-t-il.
> Retrouvez un entretien avec Otar Iosseliani : cinéma et exil.
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