CINÉMA FRANÇAIS ANNÉES 40 ET 50 !
Afrique 50
Premier film documentaire
anticolonialiste français. C’est l’après-guerre. L’Europe s’est reconstruite. Tout
marche pour le mieux dans les « colonies-modèles » où la République
française mène ses pupilles d’une main maternelle vers les lumières de
la raison et du progrès. Tout le monde, pourtant, n’est pas de cet avis.
C'est sur une proposition de la Ligue française de
l’Enseignement que René Vautier, seulement âgé de 21 ans, part filmer les conditions de vie dans les
villages des colonies françaises d’Afrique occidentale (Côte-d’Ivoire,
Haute Volta, Sénégal, Soudan français – actuel Mali). Mais ce qu'il y découvre le révolte et c'est sans la permission
des autorités françaises qu'il tourne son film.
Censuré par la République française pendant plus de 40 ans puis
finalement primé par le ministère des Affaires étrangères, ce film est un efficace pamphlet
contre le colonialisme en Afrique noire.
Lire l'analyse du film dans le dossier de la revue Décadrages consacré à René Vautier en 2015
Né en
1928 dans le Finistère, René Vautier s’engage dans le
maquis à l’âge de 16 ans puis intègre l’IDHEC à la Libération. En 1950, il
tourne Afrique 50, considéré aujourd’hui comme le premier film anti-colonial
français. Ce film lui vaut treize inculpations et une condamnation à un an de
prison. Il tourne Les anneaux d'or en 1956, court-métrage de fiction qui
reçoit l'Ours d'argent au Festival de Berlin, avec Claudia Cardinale pour la
première fois devant une caméra. En 1957, il part en Algérie filmer la guerre
d’Indépendance du côté des Algériens, installé dans le maquis du FLN. De ce
tournage où René Vautier est blessé à trois reprises naît Algérie en flammes.
Il fonde en 1962 le Centre audiovisuel d'Alger qu'il dirige jusqu'en
1965, participant ainsi à la formation de toute une génération de
réalisateurs
algériens. Il crée aussi les "ciné pops", les ciné-clubs populaires. De
retour en France, il participe au Groupe Medvedkine et fonde en
1970 l'UPCB, l'Unité de Production Cinématographique Bretagne. En 1972, il
écrit, produit et réalise Avoir 20 ans dans les Aurès, qui obtient le Prix de
la critique internationale à Cannes. Un an plus tard, pour protester contre le
refus de la délivrance du visa d’exploitation pour un film de Jacques Panijel
consacré au massacre du 17 octobre 1961 à Paris, il entame une grève de la faim
qui dure 31 jours. Elle sera victorieuse : le gouvernement français modifie la loi et supprime la
censure cinématographique pour critères politiques. Il poursuivra sa carrière
de cinéaste engagé avec entre autres, Quand tu disais, Valéry (1975), Frontline
(1976), Quand les femmes ont pris la colère (1977) réalisé avec sa femme Soazig
Chappedelaine, Marée noire et colère rouge (1978), Déjà le sang de Mai
ensemençait Novembre (1982), À propos de… l'autre détail (1984), Et le mot frère et le mot camarade (1995), … . Il
est mort en 2015 à 86 ans.
La vie de René Vautier pourrait se résumer à autant d’années de
résistance cinématographique. Rebelle et militant, il s’est toujours
efforcé de mettre « l’image et le son à disposition de celles et ceux à qui les pouvoirs établis les refusent ».
Et ce n’est pas sans risques qu’il a combattu avec sa caméra citoyenne
pour témoigner des luttes de son époque et toujours tenter d’établir un
dialogue en image. Cliquez ici pour en savoir plus sur sa vie et son oeuvre.
Ici d'autres films réalisés par René Vautier disponibles en DVD dans les médiathèques.
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