Pauvre Georges !

"Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous" (Paul Eluard). Georges a quitté la France pour le Québec et s’est installé à la campagne avec sa femme, Emma. Un soir, en rentrant du collège où il enseigne le Français à Montréal, il surprend Zack, un adolescent déscolarisé, en train de fouiller leur maison. Georges voit en ce gosse un nouveau projet de vie et se met en tête de le sauver. Cette décision, prise contre l’avis de tous, va provoquer des réactions incontrôlées et faire exploser tous les liens qui les unissaient les uns aux autres.

Adapté du roman éponyme de Paula Fox, que les fans considèrent comme la "Tchekhov américaine" du XXe siècle, Pauvre Georges ! dépeint avec une lucidité cruelle et visionnaire le délitement d'une gauche embourgeoisée, perdant de vue l'une de ses valeurs fondatrices : le "développement égal de facultés inégales" (Louis Blanc). Tout commence par l'intrusion de Zack dans la maison confortable, en pleine nature québécoise, de Georges, enseignant français opiniâtre et taiseux, désireux de faire un enfant avec sa femme. S'il est d'abord effrayé, son projet s'éloigne par son aveuglement, lorsqu'ils ne voit plus dans ce voyou déscolarisé qu'une chance de lui inculquer son savoir, dont ses élèves nantis se désintéressent. La réalisatrice de Noir et blanc, Chimère, Max et Jérémie et Les marins perdus pointe ici du doigt une certaine faillite de l'éducation, les profs du privé se faisant menacer par de riches élèves médiocres, "clients payants" qui contestent leurs notes, Zweig étant le seul prof à exiger le rapport de maître à élève. Mais au-delà du collège, ce sont tous les adultes du film (Emma, les voisins) qui ont peur de quelque chose, à commencer par Georges lors de sa rencontre avec Zack, venu de nulle part. (...) L'annuel du cinéma 2020

Claire Devers est une réalisatrice, scénariste et metteure en scène de théâtre française née en 1955. Avec son premier long métrage Noir et blanc (1986), elle attire l'attention du public cannois. Ce film sur la relation sado-masochiste entre un jeune homme blanc et son masseur noir se voit d'ailleurs couronné du Prix de la Caméra d'or. La cinéaste retourne sur la Croisette trois ans plus tard pour présenter Chimère (1989), un drame interprété par Francis Frappat et Béatrice Dalle sur la désagrégation d'un couple. En 1992, elle enchaîne avec un film plus grand public, Max et Jérémie, sur la complicité entre deux tueurs (Philippe Noiret et Christophe Lambert). Tournant avec parcimonie, elle dirige Dominique Blanc et Denis Podalydès dans La Voleuse de Saint-Lubin en 1999, puis attend trois ans avant d'adapter au cinéma Les Marins perdus, le roman de Jean-Claude Izzo sur les aventures amoureuses de deux marins débauchés. Elle collabore avec Arte et réalise pour la télévision Le Crime de M. Stil (1995), La voleuse de Saint-Lubin (1999), Le pendu (2007) ou encore Rapace (2012). Claire Devers revient au cinéma avec Pauvre Georges !, sorti en salle en 2019.

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