Et si la course à la Lune n'était qu'une immense supercherie ? Un mélange habile de faits réels, de fiction et d'hypothèses montre à quel point il est facile de manipuler la réalité : archives détournées, faux documents, propos hors contexte. Troublant…

La Fake News élevée au rang d'art.

Le documentariste William Karel fait mine de démontrer que l’alunissage d’Apollo le 20 juillet 1969 n’était qu’une mise en scène commandée par Nixon à la CIA et filmée par KubrickUne réelle interrogation ludique sur l’utilisation des images. En 2002, Arte nous avait vendu ce film comme une « très grosse plaisanterie » : l’image de Neil Armstrong foulant le sol de la lune, en 1969, ne serait rien d’autre qu’un plan de Stanley Kubrick, tourné sur terre, en studio. En pleine guerre froide, cette séquence aurait été imaginée au sommet de l’État américain en cas d’échec de la mission Apollo 11. Foutaise ? Bien ­entendu. Seulement, cette hypothèse farfelue — et néanmoins prise au sérieux par quelques petits théoriciens du complot — devient subitement crédible dans ce film de William Karel, à la faveur d’un montage espiègle qui détourne les interviews de hauts responsables jusqu’à leur faire dire tout et n’importe quoi. Ce film est donc un canular ,un documenteur, une supercherie cosmique à laquelle participent — souvent sans le savoir — la sœur de Stanley Kubrick, Henry Kissinger, Buzz Aldrin, Donald Rumsfeld, plusieurs experts de la CIA… Chacun expliquant l’enjeu de la conquête spatiale et l’impact de ces images sur l’opinion américaine. Une farce, donc, mais pas une bouffonnerie : Karel nous invite à réfléchir au pouvoir de l’image, à débusquer les manipulations, à contester la vérité officielle — comme les contestations de cette vérité. Ce film a été diffusé pour la première fois quelques mois après le 11 septembre 2001, alors que s’amorçait le délire révisionniste niant les attentats. En 2018, l’ironie est toujours là, parfois renforcée : réentendre aujourd’hui Donald Rumsfeld justifier en riant le mensonge D’État — lui qui, deux ans plus tard, inventera une menace d’armes de destruction massive pour envahir l’Irak — fait carrément froid dans le dos. Erwan Desplanques. Télérama.fr

Le cinéaste et documentariste William Karel est né en Tunisie. Le jeune Saada (c'est son véritable nom) a perdu son père très tôt. Obligé de travailler, il devient ouvrier chez Renault. Il suit en parallèle des cours du soir qui lui permettent d'obtenir un diplôme de photographe. Il travaille ensuite cinq ans à l'agence Gamma, avec Raymond Depardon. En 1981, il devient photographe de plateau. Il rencontre alors Maurice Pialat, sur le tournage de A nos amours, rencontre majeure explique-t-il au Monde, je lui dois tout ce que je sais aujourd'hui. Il lui consacrera d'ailleurs un film documentaire intitulé Pialat au travail. Dès lors, il réalise des films documentaires aux thématiques historiques et politiques. En 1992, il réalise La Rafle du Vel'd'Hiv, puis Contre l'oubli, récompensé en 1995 d'un Emmy Award. Il signe des portraits sans concession de Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand. Il consacre une partie conséquente de son œuvre à l'étude des États-Unis. Refusant de se cantonner à un genre classique, il réalise Opération lune (2002), un faux film documentaire sur la conquête spatiale qui mêle images d'archives et faux témoignages. En partant du 11 septembre jusqu'à la Guerre en Irak, William Karel critique avec virulence la politique américaine. Il défraie la chronique avec deux films documentaires subversifs : CIA, guerres secrètes (2003), qui retrace l'histoire des services secrets américains et Le Monde selon Bush (2004), véritable réquisitoire contre le président américain. Puis de retour en France, il s'intéresse de près au suicide du Juge Boulouque et réalise, à partir d'images d'archives et du témoignage de sa fille, La Fille du juge (2005). En 2006, suite à la participation de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002, il réalise un téléfilm intitulé Poison d'avril. Ce pamphlet contre l'obsession des médias pour l'audimat, et le thème de l'insécurité durant la campagne, analyse les raisons qui ont permis au candidat FN d'accéder au second tour. En 2011, William Karel réalise Looking for Nicolas Sarkozy, dans lequel il présente le regard de dix-huit correspondants étrangers sur Nicolas Sarkozy pendant sa présidence. Son dernier film documentaire est consacré à François Mitterrand, François Mitterrand - Que reste-t-il de nos amours ?

Retrouvez ici d'autres films de William Karel disponibles en DVD dans les médiathèques.

Retrouvez ici d'autres films dans lesquels la question du documenteur est posée, disponibles en DVD dans les médiathèques.

En cours de chargement ...
Ce film est interdit aux moins de 12 ans.