CHRONIQUES HISTORIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES
L'Homme de la rue (Meet John Doe - VOstf)
Pour retrouver son poste, la journaliste Ann Mitchell invente un
personnage nommé John Doe, qu'elle fait passer pour réel dans une lettre
de suicide dénonçant le malaise social ambiant. Elle engage alors un
dénommé John Willoughby pour se faire passer pour ce fameux John Doe.
Mais, celui-ci se prend au jeu…
Un film éblouissant et amer. Bertrand Tavernier
C’est l’histoire d’un outsider. Un modeste citoyen, un honnête homme.
Ses rêves sont simples et sincères, voire naïfs, mais toujours plus
grands que lui : vivre en harmonie avec ses frères humains, sa famille,
tous ses « Voisins unis d’Amérique ». Presque à son corps défendant,
l’innocent se fera leur champion, face aux institutions corrompues, aux
élites manipulatrices et autres prédateurs à gros cigares. Ce
personnage, sorte de Christ laïque au pays de Roosevelt et Truman, a eu
la beauté altière de Gary Cooper, dans L’Extravagant Mr Deeds (1936) et L’Homme de la rue (1941). Il a pris les traits sensibles de James Stewart, de Monsieur Smith au Sénat (1939) à La vie est belle (1946). À eux deux, et en quatre films, ils incarnent le même archétype, le héros par excellence du cinéma de Frank Capra,
de cette vision désormais si célèbre qu’elle s’est transformée en
adjectif : « capraesque ». Qu’est-ce donc ? Une enivrante potion à base
d’optimisme, un fantasme de pureté solidaire, relevé de détermination,
et d’un joli zeste de fantaisie. Où la bonté triomphe du cynisme, et
tous les David du monde s’unissent pour couper le cigare à leurs Goliath
cotés en bourse. Conclusion si invariablement réconfortante que les
détracteurs du cinéaste ont inventé un autre qualificatif, beaucoup
moins flatteur : « capracorn », mot-valise qui accole son nom au terme corny :
« mièvre », en VF. « Capraesque » ou « capracorn » : deux faces d’un
même cliché, qui collent au travail de celui qui fut le roi de Hollywood
du début des années 1930 jusqu’à l’après-guerre. (...) Cécile Mury, Télérama.fr, 2021
Frank Capra est l'incarnation des plus belles années de la comédie
hollywoodienne. Des quarante années de sa carrière, trois phases peuvent
être dégagées : jusqu'en 1936, il cherche son style, se concentre sur
l'écriture de scénarios et tourne des comédies mondaines ; de 1936 à
1941, il donne au cinéma les films les plus représentatifs de son art ;
l'après-guerre, où il ne parvient pas à retrouver le feu de la période
précédente. En 1944, sort son film le plus connu, Arsenic et vieilles dentelles, chef-d’œuvre d'humour. Il fonde, en 1946, la compagnie indépendante Liberty Films qui produit ses deux derniers succès : La Vie est belle, avec James Stewart dans le rôle d'un idéaliste, et L'Enjeu, avec Katharine Hepburn et Spencer Tracy.
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