Un policier déguisé en pasteur traque un assassin dans une pension de famille…

Premier film de Henri-Georges Clouzot, un des meilleurs "policiers" de la période, avec des acteurs extraordinaires.

Paris est sous la menace d’un assassin qui laisse une ironique signature : Monsieur Durand. L’inspecteur Wens découvre que le coupable se cache parmi les clients de la pension Mimosas, au 21, avenue Junot…

Un plateau de jeu (la pension), quel­ques pions colorés (ses habitants), et la partie de Cluedo peut commencer. Le ­roman s’ingéniait à égarer le lecteur détec­tive, de fausse piste en chausse-trape, jusqu’à la pirouette finale. Si le procédé est classique, façon Agatha Christie, le résul­tat à l’écran l’est beaucoup moins : goguenard, l’auteur croquait quelques belles tranches d’humanité. Pour son ­premier film, Clouzot adapte ce pessimisme ironique à son univers. Au passage, il prend quelques libertés. Occupation oblige, l’assassin, de Londres, déménage à Paris. Les héros du Dernier des six, précédente adaptation d’une œuvre de Steeman, sont chargés de l’enquête : l’inspecteur Wens (Pierre Fresnay, magistral) et son enquiquineuse de petite amie, Mila Malou (pétulante Suzy Delair). Mais surtout, entre humour et cruauté, le jeu policier prend un étrange et dérisoire relief, une véritable profondeur psychologique. Un régal, qui annonce un chef-d’œuvre à venir, Le Corbeau. —Cécile Mury, Telerama.fr, 2019

"Né à  Niort le 20 novembre 1907, Henri-Georges Clouzot est issu d’une famille de libraires. Après des études de sciences politiques, il se tourne vers l’écriture de chansons et de scénarios. Envoyé en 1932 aux studios de Berlin pour superviser des coproductions, il y apprend son futur métier, découvrant à  la fois le génie de Murnau et la vie interlope de la capitale allemande. Mais, de retour à  Paris en 1934, il est atteint d’une tuberculose pulmonaire et passe près de quatre ans en sanatoriums. Engagé comme chef-scénariste à  la Continentale, une société allemande installée à  Paris, il écrit pour Georges Lacombe Le Dernier des six (1941), interprété par Pierre Fresnay et Suzy Delair, et Les Inconnus dans la maison, pour Henri Decoin, d’après Simenon. En 1942, à  35 ans, il réalise pour la Continentale son premier long métrage : L’Assassin habite au 21, avec le couple-vedette Pierre Fresnay et Suzy Delair qui interprètent les rôles du commissaire Wens et de sa maîtresse, Mila-Malou. C’est un film policier qui affirme d’emblée les qualités du cinéaste (scénario, direction d’acteurs, mise en lumière des zones d’ombre des personnages). Puis il reprend un scénario inspiré d’un fait divers de 1922 : une femme qui avait inondé Tulle de plus de mille lettres anonymes. Sorti en octobre 1943, Le Corbeau est un beau film, sombre et inquiétant, avec Pierre Fresnay. Mais dès le printemps 1944, des voix se lèvent pour stigmatiser "une oeuvre anti-française" ; Clouzot est suspendu et le film interdit. Et c’est encore sous le coup de cette suspension qu’il tourne son chef-d’oeuvre : Quai des orfèvres (février 1947). Il adapte ensuite Manon Lescaut (1731) de l'abbé Prévost en le resituant dans le Paris de l’Occupation : si Manon est une oeuvre superbe sur un couple en proie à  un amour fatal, il renforce la réputation sulfureuse du cinéaste.

Après un détour malheureux du côté de la comédie (Miquette et sa mère, en 1950), il reprend un best-seller de Georges Arnaud : Le Salaire de la peur. Interprété magistralement par Charles Vanel et Yves Montand, il obtient la Palme d’or à  Cannes en 1953. L’année suivante, tiré d’un roman de Boileau et Narcejac, Les Diaboliques (1954),  "un policier, et rien de plus", est son plus grand succès commercial.

Sa vieille amitié avec Picasso l’amène, en 1956, à  réaliser Le Mystère Picasso, l’un des plus beaux films sur la peinture, où l’on peut assister à  une oeuvre en train de se faire. Puis sort Les Espions (1957) qui est un échec à  la fois critique et financier. Mais en 1960, il offre à Brigitte Bardot son plus rôle dans La Vérité qui est l’un des films qui exprime le mieux sa vision cynique d’un monde désenchanté.

Si la maladie l’empêche de finir L’Enfer, avec Romy Schneider et Serge Reggiani, scénario qui sera repris par Claude Chabrol en 1994 avec Emmanuelle Beart et François Cluzet, il tourne en 1968 son dernier film, La Prisonnière, peut-être le plus personnel et le plus controversé. Il meurt à  Paris le 12 janvier 1977." Transmettrelecinema.com

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.