CINÉMA FRANÇAIS ANNÉES 40 ET 50
L'assassin habite au 21
Un policier déguisé en pasteur traque un assassin dans une pension de famille…
Premier film de Henri-Georges Clouzot, un des meilleurs "policiers" de la période, avec des acteurs extraordinaires.
Paris est sous la menace d’un assassin qui laisse
une ironique signature : Monsieur Durand. L’inspecteur Wens découvre que
le coupable se cache parmi les clients de la pension Mimosas, au 21,
avenue Junot…
Un plateau de jeu (la
pension), quelques pions colorés (ses habitants), et la partie de
Cluedo peut commencer. Le roman s’ingéniait à égarer le lecteur
détective, de fausse piste en chausse-trape, jusqu’à la pirouette
finale. Si le procédé est classique, façon Agatha Christie, le résultat
à l’écran l’est beaucoup moins : goguenard, l’auteur croquait quelques
belles tranches d’humanité. Pour son premier film, Clouzot adapte ce
pessimisme ironique à son univers. Au passage, il prend quelques
libertés. Occupation oblige, l’assassin, de Londres, déménage à Paris.
Les héros du Dernier des six, précédente adaptation d’une œuvre
de Steeman, sont chargés de l’enquête : l’inspecteur Wens (Pierre
Fresnay, magistral) et son enquiquineuse de petite amie, Mila Malou
(pétulante Suzy Delair). Mais surtout, entre humour et cruauté, le jeu
policier prend un étrange et dérisoire relief, une véritable profondeur
psychologique. Un régal, qui annonce un chef-d’œuvre à venir, Le Corbeau. —Cécile Mury, Telerama.fr, 2019
"Né à Niort le 20 novembre 1907, Henri-Georges Clouzot est issu
d’une famille de libraires. Après des études de sciences politiques, il
se tourne vers l’écriture de chansons et de scénarios. Envoyé en 1932
aux studios de Berlin pour superviser des coproductions, il y apprend
son futur métier, découvrant à la fois le génie de Murnau et la vie
interlope de la capitale allemande. Mais, de retour à Paris en 1934, il
est atteint d’une tuberculose pulmonaire et passe près de quatre ans
en sanatoriums. Engagé comme chef-scénariste à la Continentale, une société allemande installée à Paris, il écrit pour Georges Lacombe Le Dernier des six (1941), interprété par Pierre Fresnay et Suzy Delair, et Les Inconnus dans la maison, pour Henri Decoin, d’après Simenon. En 1942, à 35 ans, il réalise pour la Continentale son premier long métrage : L’Assassin habite au 21,
avec le couple-vedette Pierre Fresnay et Suzy Delair qui interprètent
les rôles du commissaire Wens et de sa maîtresse, Mila-Malou. C’est un
film policier qui affirme d’emblée les qualités du cinéaste (scénario,
direction d’acteurs, mise en lumière des zones d’ombre des personnages).
Puis il reprend un scénario inspiré d’un fait divers de 1922 : une
femme qui avait inondé Tulle de plus de mille lettres anonymes. Sorti en
octobre 1943, Le Corbeau est un beau film, sombre et inquiétant,
avec Pierre Fresnay. Mais dès le printemps 1944, des voix se lèvent
pour stigmatiser "une oeuvre anti-française" ; Clouzot est suspendu
et le film interdit. Et c’est encore sous le coup de cette suspension
qu’il tourne son chef-d’oeuvre : Quai des orfèvres (février 1947). Il adapte ensuite Manon Lescaut (1731) de l'abbé Prévost en le resituant dans le Paris de l’Occupation : si Manon est une oeuvre superbe sur un couple en proie à un amour fatal, il renforce la réputation sulfureuse du cinéaste.
Après un détour malheureux du côté de la comédie (Miquette et sa mère, en 1950), il reprend un best-seller de Georges Arnaud : Le Salaire de la peur.
Interprété magistralement par Charles Vanel et Yves Montand, il obtient
la Palme d’or à Cannes en 1953. L’année suivante, tiré d’un roman de
Boileau et Narcejac, Les Diaboliques (1954), "un policier, et rien de plus", est son plus grand succès commercial.
Sa vieille amitié avec Picasso l’amène, en 1956, à réaliser Le Mystère Picasso,
l’un des plus beaux films sur la peinture, où l’on peut assister à une
oeuvre en train de se faire. Puis sort Les Espions (1957) qui est un échec à la fois critique et financier. Mais en 1960, il offre à Brigitte Bardot son plus rôle dans La Vérité qui est l’un des films qui exprime le mieux sa vision cynique d’un monde désenchanté.
Si la maladie l’empêche de finir L’Enfer, avec Romy Schneider
et Serge Reggiani, scénario qui sera repris par Claude Chabrol en
1994 avec Emmanuelle Beart et François Cluzet, il tourne en 1968 son
dernier film, La Prisonnière, peut-être le plus personnel et le plus controversé. Il meurt à Paris le 12 janvier 1977." Transmettrelecinema.com
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