CHRONIQUES HISTORIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES
Jusqu'au bout
Jusqu’au bout s’inspire très librement d’un événement qui a fait "La Une" de l’actualité en juillet 2000. Cet été-là, l’usine Cellatex classée "Site Sévézo" (56 000 litres d’acide sulfurique et 46 tonnes de carbone y étaient entreposés) est mise en liquidation judiciaire après la disparition de ses repreneurs autrichiens. Les 153 salariés se barricadent aussitôt dans l’usine qu’ils menacent de faire sauter.
Une négociation
acharnée avec les pouvoirs publics locaux et nationaux commence…
Inédit en DVD dans les médiathèques.
Directement inspiré du fait social Cellatex, Maurice Failevic s’interroge sur les
types de luttes à mener, entre négociations et actions, et pose la
question de leur légitimité comme de leur efficacité. Un sujet brûlant
d’actualité…
Réalisateur de films documentaires et de fictions
pour la télévision, Maurice Failevic colle au plus près des réalités sociales en portant la voix
des oubliés, avec un naturalisme qui donne toute leur puissance à ses
films. A Givet, dans les Ardennes, les anciens ouvriers de Cellatex l’appelaient « notre Maurice ». En 2004, Maurice Failevic les avait embauchés comme figurants dans le téléfilm Jusqu’au bout pour rejouer leur propre lutte contre la fermeture de leur usine textile. Si le tournage avait pu servir de « thérapie collective »
aux salariés sacrifiés, leur présence à l’écran, en osmose avec des
acteurs professionnels, donnait au film une force documentaire qui est
aussi la marque de fabrique du réalisateur.
Entré en 1962 à la RTF, la télévision d’État, comme
assistant réalisateur après des études de cinéma à l’Idhec (devenue la
Fémis), Maurice Failevic a toujours navigué entre film documentaire et film de fiction pour raconter la réalité sociale au plus près. Militant
communiste, compagnon de route de Marcel Trillat, avec qui il travaille sur 300 jours de colère (2002) et L’Atlantide, une histoire du communisme (2011), il s’attache à faire entendre la voix des classes populaires, trop souvent absente des médias. Ainsi, son premier téléfilm, De la belle ouvrage
(1971), est le récit de la révolte d’un ouvrier qui, confronté à un
changement technique dans son travail, voit sa vie bouleversée, ses
convictions ébranlées. Patrick et Sylvie, 9 ans (1972) et Le premier qui dit non
(1997) explorent à vingt-cinq ans d’intervalle les banlieues comme
espaces de relégation, le premier sous la forme d’un film documentaire sur un
échange scolaire, le second sous la forme d’une fiction narrant le
combat d’un footballeur revenu dans sa cité pour combattre les dealers
responsables de la mort de son frère. Avec Bonne chance monsieur Pic (1987), chronique réaliste sur un chômeur joué par Guy Bedos, il signe une charge féroce et drôle contre le culte des « battants » des années 1980, qu’incarnait alors Bernard Tapie. Dans C’était la guerre, réalisé en 1992 avec Ahmed Rachedi d’après un épisode du livre de Jean-Claude Carrière, La Paix des braves, il est l’un des premiers à tenter de croiser les récits des Français et des Algériens à propos de la guerre d’Algérie. Ces quelques exemples, piochés parmi plus de cinquante films dont
beaucoup furent primés et dans une carrière dont l’Institut national de
l’audiovisuel offre de retracer la genèse grâce à une interview donnée en 1991 à l’émission Les Rêveurs de télé, montrent
combien le réalisateur était attentif à l’autre. Maurice
Failevic fondait toujours ses œuvres, fictions comme documentaires, sur
un sérieux travail d’enquête et, surtout, d’écoute. « Ce qui caractérisait Maurice Failevic, c’était son humanité », résume pour l’AFP Marcel Trillat. Elle nous manquera. Samuel Gontier. Télérama.fr
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