The Lesson (Urok (VOstf))

Nade est professeur d'anglais. Elle vit avec son mari, qui est sans emploi, et leur fille de 4 ans. Un jour, alors qu'un vol a eu lieu dans la salle de cours, elle revient du travail et trouve un huissier qui l'attend à la maison. Les traites n'ont pas été payées. Nade a trois jours pour rassembler l'argent et rembourser la banque, sinon sa maison sera mise en vente. Commence alors un compte-à-rebours où les obstacles vont s'accumuler, qui vont mettre à l'épreuve l'intégrité jusque-là exemplaire de Nade. Le film met en scène un personnage en difficulté dans sa vie privée et dans sa vie professionnelle. Ces deux intrigues a priori disproportionnées et sans relation se rejoignent à la fin du film et constituent, au final, une parabole sociale contemporaine à la mise en scène aboutie.

The Lesson présente des traits esthétiques remarquables. C’est un cinéma peu bavard, où le spectateur est invité à faire un important travail d’interprétation. En effet, Nade s’exprime avec très peu de mots ; elle est peu diserte, et son visage relativement impassible. C’est la succession de ses gestes et des situations qu’elle vit qui permet au spectateur de reconstruire l’état mental de Nade, de donner du sens à ses actes et, finalement, de comprendre ce qui se passe, ce qu’elle fait ou ce qu’elle ressent. Ainsi, le rythme du film semble être celui-là même du personnage : à certains moments, vif, efficace, allant à l’essentiel ; à d’autres moments, lent, s’accordant le temps de la réflexion ou du doute. De ce point de vue, on peut rapprocher Nade de la Rosetta des frères Dardenne (Belgique, 1999) ou du personnage de Thierry, dans La Loi du marché (Stéphane Brizé, France, 2015). Tous les deux, comme Nade, sont en difficulté et observent sans que leur pensée soit verbalement exprimée. C’est un style filmographique que l’on pourrait qualifier de documentaire, au service d’une critique sociale qui dénonce l’individualisme, la prévalence de l’argent sur les valeurs morales et les idéaux. lesgrignoux.be

Kristina Grozeva est réalisatrice et scénariste bulgare. Elle travaille d’abord comme journaliste pour la télévision bulgare. Elle réalise son premier long métrage, The Lesson, en 2015, The Glory en 2017, puis The Father en 2019, trois films salués par plusieurs prix dans des festivals internationaux.