Lors d’un repas de famille, quatre frères et sœurs découvrent le passé polémique que leur père leur a caché. Tandis que cette révélation divise la famille, un autre scandale surgit : Romi et Sasha, frère et sœur jumeaux, ont aussi un secret...

Illégitime met les pieds dans le plat, et s'ouvre illico sur une de ses scènes les plus fortes : un repas de famille qui dégénère en à peine quelques minutes. Les enfants apprennent que sous Ceaușescu, le père a dénoncé à la police des femmes qui cherchaient à se faire avorter, et ce dernier n'éprouve aucun remord, bien au contraire. En quelques phrases, nous voilà plongés directement dans le bain. Pas le temps, comme le ferait un film classique, de nous expliquer de A à Z qui ici est le fils, le frère ou le petit ami de qui (un trouble volontaire et pas anodin), pas le temps pour la tension de grimper qu'elle explose déjà à la figure de tout le monde. On pourrait se croire en terrain cinématographique connu : celui du règlement de compte familial, filmé caméra à l'épaule comme en immersion. Mais (tout en s'en tirant particulièrement bien sur ce terrain) Illégitime n'a pas tiré toute ses cartouches. Plutôt qu'à un scénario rigide et explicatif, le réalisateur roumain Adrian Sitaru fait confiance à l'improvisation de ses comédiens. (...) Cela donne surtout une force et véracité bienvenue à ces problèmes familiaux qui aurait pu paraître excessif dans un film plus classique. Sitaru a ainsi combiné au fil du tournage plus de dix heures de rush. Il est dès lors remarquable qu'au milieu de tout cela ait émergé au final une structure narrative aussi singulière. Passée son ouverture tendue, Illégitime semble curieusement perdre de vue son sujet choc. Mais à ce dernier répond un second sujet choc, que nous préférons ne pas révéler ici. Celui-ci (encore plus dingo) se dévoile peu à peu, prenant de plus en plus le pas sur l'histoire du père, jusqu'à culminer dans une scène finale de règlement de compte, en miroir de la toute première. La précieuse tension d'Illégitime possède une curieuse forme de circonflexe inversé, avec ces deux scènes explosives placées en tout début et fin de film, avec son ventre un peu mou où s'opère ce troc progressif de sujets tabous. (...) Au final, la seule morale du film est qu'il est vain et dangereux de vouloir jouer à la police de la morale, quel que soit le sujet. Cette leçon valait bien le prix de l’ambiguïté. Grégory Coutaut. www.filmdeculte.com

Adrian Sitaru a collaboré avec Costa-Gavras à la réalisation de Amen en 2002.  Son premier long métrage, Picnic, pour lequel il a écrit le scénario et réalisé la mise en scène, a été sélectionné dans les festivals de Toronto, Palm Springs, ainsi qu'en compétition officielle du festival Premiers Plans d'Angers, édition 2009. Il a reçu l'Alexandre d'argent au festival international du film de Thessalonique 2008. En 2016, son film Illégitime, traitant de l'inceste et de l'avortement, est présenté à la Berlinale 2016, et son film Fixeur est présenté au festival international du film de Toronto dans la section Cinéma contemporain, ainsi qu'au festival des Arcs dont il remporte le Grand Prix

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.