Contraints de quitter leur appartement du centre de Téhéran en raison d'importants travaux menaçant l'immeuble, Emad et Rana emménagent dans un nouveau logement. Un incident en rapport avec l’ancienne locataire va bouleverser la vie du jeune couple. Avec une régularité de métronome, Asghar Farhadi continue de proposer ses histoires en forme de contes moraux (même si l’on est ici très loin de Rohmer), dépeignant la société iranienne et particulièrement sa classe moyenne. Le Client est ainsi emblématique de la principale force de son cinéma : un récit extrêmement touffu, riche en fausses pistes, virages et retournements divers.

* Prix d’interprétation masculine et Prix du scénario, Festival de Cannes 2016.

On peut d’abord voir Le Client comme un semi-documentaire sur une ville en transformation et ses habitants en perte de repères, évoluant dans des quartiers avec chantiers sans fin, vieux immeubles démolis et buildings en construction. Dans cet univers urbain à la fois moderne et déshumanisé, et dans un contexte d’obscurantisme politique et religieux, Emad et Rana, membres de la classe moyenne éclairée, incarnent une forme de résistance, trouvant dans la culture et le théâtre un dérivatif salutaire. Le Client s’avère alors une mise en abyme subtile, la pièce répétée et jouée étant Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller. « Le Téhéran d’aujourd’hui est très proche de New York, tel qu’Arthur Miller le décrit au début de la pièce. Une ville qui change de visage à une allure délirante, qui détruit tout ce qui est ancien, les vergers et les jardins, pour le remplacer par des tours. C’est précisément dans cet environnement que vit le commis voyageur », a déclaré le cinéaste. avoir-alire.com

Décomposition du couple, fêlures intimes et contradictions politiques et morales dans l’Iran d’aujourd’hui : on retrouve dans Le Client les thèmes du film Une séparation, qui avait révélé Asghar Farhadi en France en 2011. Le cinéaste pose à nouveau ses personnages dans une labyrinthique enfilade de huis clos domestiques, enfermés dans une vision métaphorique et étouffante de la société.Télérama
D'abord intéressé par l'écriture théâtrale, Asghar Farhadi se tourne vers le cinéma et réalise en 2006 son premier long métrage, Dancing in the dust. Après Les Enfants de Belle Ville (sorti en France en 2012), il se fait connaître avec son troisième long métrage, La Fête du feu, qui reçoit le Hugo d'Or au Festival international du film de Chicago. En 2009, le cinéaste collabore à l'écriture de plusieurs films et réalise À propos d'Elly pour lequel il reçoit l'Ours d'argent du Meilleur réalisateur à Berlin. Deux ans plus tard, Une Séparation, qui s'inscrit dans son étude de la société iranienne et la complexité de l'être humain, lui offre la consécration internationale et est couronné de prix dans plusieurs festivals. En 2013 sort en salles Le Passé, premier film du réalisateur tourné en France avec Bérénice Bejo et Tahar Rahim, qui explore certains des sujets de prédilection de Farhadi, à savoir le couple et les conflits familiaux. Le metteur en scène retourne ensuite en Iran et livre Le Client, drame urbain pour lequel il retrouve ses acteurs fétiches Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti et Babak Karimi. Récompensé au Festival de Cannes 2016, ce film rapporte également à Farhadi le deuxième Oscar de sa carrière. Fort de ce succès international, le réalisateur pose, en 2018, sa caméra en Espagne avec Everybody knows, porté par le couple star Penélope Cruz et Javier Bardem, un thriller psychologique auscultant le poids du passé et des secrets au sein du noyau familial. 

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.