LA VIE MÊME
Les vacances du cinéaste (Vakantie van een filmer - VOstf)
Un petit village dépeuplé de l'Aude. Un vieux couple confie à la caméra du "vacancier", simple caméra à ressort, les souvenirs d'un autre temps : la guerre, la maladie, la mort... Le cinéaste construit le film comme un recueil d'images autonomes qui, réunies, composent son univers mental : le bonheur familial, fragments de quelques-uns de ses films antérieurs, hommage au saxophoniste Ben Webster, deux poèmes des grands poètes contemporains Remco Campert et Lucebert, un portrait du grand-père du cinéaste qui lui avait appris la photographie dès l'âge de 12 ans...
En 1974, Johan van der Keuken a trente-six ans, trois
enfants et a déjà réalisé certains de ses plus beaux films. Dans "Les
Vacances du cinéaste", il s'autorise à filmer la légèreté des jours passés
en famille dans un village du Sud de la France. Les pas mal assurés de son
dernier fils, le "P’tit gros", côtoient ceux du voisin atteint de la
maladie de Parkinson. On assiste à la rencontre de deux âges de la vie, de deux
mondes, celui des vacanciers hollandais et des derniers habitants du hameau
délaissé par les jeunes. Dans une grande liberté d'association, le cinéaste
compose une réflexion sur la vie, la mort, le temps qui passe. Et sur les notes
douces amères du saxophone de son ami Ben Webster, disparu quelques mois plus
tôt, on savoure ce mélange de gravité et de légèreté. La magie d'un éternel
présent figé sur la pellicule. Des images inoubliables, sur le cinéma et la
vie, tout simplement. Pour nous, le "P'tit gros" aura toujours trois
ans. Éva Tourrent, responsable artistique de Tënk
Johan van der Keuken est un réalisateur et photographe
néerlandais, né le 4 avril 1938 à Amsterdam, où il est mort le 7 janvier 2001. Il a douze
ans quand son grand-père l’initie à la photographie, dix-sept quand il publie
son premier album et dix-huit lorsqu'il intègre l’IDHEC (l'Institut Des Hautes
Etudes Cinématographiques), à Paris. Nous sommes en 1956 ; il passera deux
années dans la capitale française, deux années de vagabondage visuel où l’école
n’est qu’un alibi pour flâner dans la ville, "se poser des questions,
chercher des réponses", bref, "découvrir la vie". C’est à cette même époque qu’il travaille à la réalisation
de son livre Paris mortel qui verra effectivement le jour en 1963. Pour Johan
van der Keuken, c’est une période de lente transition vers le cinéma, où il
questionne la notion même de vision, explore le cadre et la couleur,
expérimente des choses qui doucement, viendront nourrir ses films. [...]
Un moment de silence, officiellement son premier film,
réalisé en 1960, ouvre sa filmographie et annonce tout son cinéma à venir : des
récits fragmentaires dont l’agencement bouscule les règles du montage
traditionnel. Une caméra faite œil, un corps caméra, un cinéma physiologique
qui enregistre ce qui l’entoure et le restitue dans le flot des images par le
prisme de la pensée. À sa mort, il laisse une œuvre engagée et universelle, riche
d’une cinquantaine de films tous tournés en pellicule, dont on peut citer
L'Enfant aveugle (1964), Les Vacances du cinéaste (1974), Vers le Sud (1981),
L'Œil au-dessus du puits (1988), Amsterdam Global Village (1996), ou encore,
Vacances prolongées (2000). (Source : Tënk)
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