Veuve d'un grand résistant, Judith Therpauve accepte de prendre la direction d'un grand quotidien fondé au lendemain de la Libération. Mais très vite, elle se heurte aux manœuvres des uns et aux revendications des autres.

Une œuvre puissante sur le thème du journalisme, et une interprétation magistrale de Simone Signoret.

Judith Therpauve, c’est à la fois un portrait de femme sans tabous et d’une grande acuité ainsi qu’un constat sans concessions, à la fois documentaire et presque hyperréaliste, sur le journalisme de province de l’époque. Dès le générique avec cette caméra scrutant chaque espace d’une immense maison bourgeoise vidée de presque tous ses meubles, on sait être devant un film très austère, rien déjà que par la photo expressément glaciale et grisâtre de Pierre Lhomme. On sent dès lors que le ton ne va pas être à la rigolade et effectivement, nous ne pourrons que constater que Patrice Chéreau et Georges Conchon (le partenaire de Jacques Rouffio sur ses films les plus connus) n’auront laissé aucune place à l’humour, préférant se concentrer sur leur unique sujet sans jamais en dévier pour prendre des chemins de traverse, celui de la reprise d’un journal en difficulté par une femme forte qu’on est allé chercher dans sa retraite. Un film mal aimable et morbide qui n’est pas sans laisser une sensation de malaise tellement son constat est sombre, tout autant son tableau désabusé du journalisme de l’époque que sa galerie de personnages où gravitent des hommes et quelques femmes guère plus sympathiques les uns que les autres ; même le jeune journaliste interprété par Philippe Léotard, qui semble avoir une certaine déontologie, ne peut néanmoins pas s’empêcher de prendre du plaisir à écrire dans ses pages cultures des articles assassins sur les spectacles qu'il va voir. Que ce soit le syndicaliste (Laszlo Szabo), le rédacteur en chef (Robert Manuel) et quelques autres (dont des alcooliques et des dépressifs), tout le monde travaille avant tout pour soi et non pour une quelconque éthique. Le visionnage du film n’est pas vraiment une partie de plaisir mais l'interprétation est tellement excellente - surtout Simone Signoret magistrale en femme de tête acharnée, dure, énergique mais loyale - que ce crépusculaire constat d’échec à tous les niveaux s’avère remarquable, d’autant que ceux que le sujet intéresse pourront se délecter du ton documentaire du film, pouvant assister au quotidien le plus réaliste possible d’un grand organe de presse. Un film captivant à ne cependant pas visionner un soir de déprime ! Erick Maurel. DvdClassik.com. Ici la critique complète du film sur DvdClassik.

Patrice Chéreau, mort en 2013, fut un artiste engagé ayant eu de multiples casquettes tout au long de sa riche carrière. Dès sa prime jeunesse, il monte sur les planches et devient directeur du Théâtre de Sartrouville à seulement 22 ans. Il travaille ensuite à Milan, puis au TNP de Villeurbanne, avant de devenir en 1982 codirecteur du Théâtre des Amandiers de Nanterre. On ne compte plus ses mises en scène de théâtre ou encore d’opéras. Il fit bien évidemment également du cinéma, que ce soit devant ou derrière la caméra, se mettant également souvent lui-même à l’écriture de ses scénarios. En tant que comédien, on se souvient surtout de son Camile Desmoulins dans le Danton de Wajda, de ses prestations dans Adieu Bonaparte de Youssef Chahine ou encore dans Le Dernier des Mohicans de Michael Mann. Il tournera également sous la direction de Claude Berri, Raoul Ruiz ou Michael Haneke. Derrière la caméra, il commence sa filmographie de réalisateur à l’âge de 30 ans avec l’adaptation très remarquée du roman de James Hadley Chase, La Chair de l’orchidée, un film étouffant de noirceur. Parmi ses autres longs métrages les plus appréciés et commentés, citons L’Homme blessé, l’un des premiers films d’importance à aborder frontalement l’homosexualité, La Reine Margot, adaptation bouillonnante d'Alexandre Dumas, ou encore son portrait de groupe fiévreux, plein de bruit et de fureur qu’est Ceux qui m’aiment prendront le train.

Retrouvez ici d'autres films de et/ou avec Patrice Chéreau, disponibles en DVD dans les médiathèques.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.