CINÉMA FRANÇAIS ANNÉES 60 ET 70
L'amour violé
Dans les années 70, aux alentours de Grenoble. Un soir, Nicole, une
jeune infirmière, est violée par quatre individus. Profondément
traumatisée et humiliée, elle commence par se murer dans un profond
silence, avant de se confier à son amie Catherine, qui la pousse à
porter plainte. Jacques, son fiancé, préférerait que Nicole enfouisse ce
secret au plus profond d'elle-même. Il ne veut pas que l'affaire soit
révélée et coupe alors les ponts.
Un film courageux, sensible et émouvant.
Oui, c'est un film à thèse. Mais ces films-là sont comme les autres : il y a les bons et les mauvais. Et l'Amour violé
fait partie des bons. Ce qu'il démonte, finement, patiemment,
clairement, c'est le mécanisme qui peut conduire au viol des hommes
réputés bons maris et bons pères et qui pousse ensuite la femme violée à
se taire. (...) Après l'extrême violence de la séquence du viol
(indispensable pour faire comprendre le traumatisme subi par la
victime), Yannick Bellon déchire en douceur mais inexorablement, le
manteau de silence dont la société recouvre les drames qu'elle a
elle-même engendrés. Claude-Marie Tremois, Télérama hors série, Le guide du cinéma chez soi.
Cinéaste, monteuse, scénariste, réalisatrice et productrice pour la société de production Les Films de l'Équinoxe, Yannick Bellon baigne dès son plus jeune âge dans le monde artistique grâce à sa mère Denise Bellon, photographe qui couvre de nombreuses expositions surréalistes, et son oncle Jacques Brunius, acteur et cinéaste éclectique. En huit longs métrages, elle pose un nouveau regard sur des sujets
tabous pour l’époque : la détresse d’une épouse après un divorce (La Femme de Jean, 1974), la banalisation du viol des femmes dans la société française (L’Amour violé, 1978), le cancer du sein (L’Amour nu, 1980), l’homosexualité masculine (La Triche, 1984), la destruction ornithologique liée à la pulsion de destruction masculine (L’Affût, 1992)…Yannick Bellon a également énormément contribué à la place des réalisatrices dans
le cinéma au même titre qu’Alice Guy et Agnès Varda, ouvrant les portes
dans les années 1990 à une nouvelle génération de femmes qui pouvaient
trouver grâce à sa ténacité la légitimité de développer leur propre
parcours. Yannick Bellon, dans tous ses films, porte un même regard lucide et tendre
sur ces êtres humains qui tracent leur chemin dans le refus de la
soumission et la reconquête de leur dignité. En ce sens on peut parler
d’une cinéaste humaniste et profondément engagée. Mais on ne saurait
négliger son apport cinématographique aux formes multiples, imprégné de
l’art du documentaire, un cinéma traversé par une poésie et une
musicalité uniques.
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