"Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de l’"Atalante", à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver." Bertrand Tavernier

Le cinéaste conte sa vie de spectateur à travers les films qui l’ont marqué, de 1930 aux années 1970. Un régal.

Bertrand Tavernier avait salué ses cinéastes hollywoodiens favoris — et égratigné quelques autres — dans deux livres-sommes, 50 Ans de cinéma américain (coécrit avec Jean-Pierre Coursodon) et Amis américains. C'est par le documentaire qu'il rend un hommage tout aussi vibrant à ses « maîtres » français. Un exercice d'admiration qui est, aussi, un autoportrait. A la manière des films de Martin Scorsese (Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain, Mon voyage en Italie), Bertrand Tavernier revisite quatre décennies de films, de 1930 aux années 1970, à travers sa propre vie de spectateur et d'homme. Depuis sa première émotion de spectateur, à 6 ans, dans un sanatorium (devant Dernier Atout, de Becker) jusqu'à ses débuts derrière la caméra grâce à Claude Sautet, en passant par ses années d'attaché de presse pour Claude Chabrol, Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Melville.
Son Voyage à travers le cinéma français repose sur le principe du marabout-bout-de-ficelle. De Jacques Becker, il passe à Jean Renoir (le premier fut l'assistant du second), de Renoir à Jean Gabin (qui tourna sous sa direction
La Grande Illusion, puis French Cancan)... Il n'oublie pas les musiciens du septième art et, à côté de grand noms incontestés (Duvivier, Bresson...), n'hésite pas à honorer les trouvailles visuelles d'artisans oubliés comme Jean Sacha. Les nombreux extraits de films sont entrecoupés d'archives savoureuses : l'interview où le scénariste Henri Jeanson fait mine d'oublier le nom de Marcel Carné, qu'il haïssait, est un grand moment d'humour vachard. Et les commentaires de Tavernier sont un régal, qu'il multiplie les anecdotes avec un sourire gourmand ou délivre une captivante leçon de mise en scène. Son enthousiasme est communicatif et (presque toujours) convaincant.

Ces trois heures et onze minutes d'érudition et de passion remplissent parfaitement leur mission : transmettre l'amour du cinéma. Sitôt la projection terminée, on n'a qu'une envie : revoir ou découvrir les quatre-vingt- quatorze films que Tavernier a cités...Samuel Douhaire. Télérama.fr

Avec son premier long-métrage, L'Horloger de Saint-Paul (1973), Bertrand Tavernier s'affirme d'emblée comme un réalisateur de talent, inspiré par l'efficacité du cinéma américain. Mais il est également un cinéaste engagé et sensible, qui bâtit une œuvre cohérente sur le plan philosophique. Ses deux films suivants sont, comme le premier, des réflexions critiques et politiques sur la société et les mœurs, mais ils sont en outre de brillantes reconstitutions historiques (Que la fête commence, 1974), Le Juge et l'assassin, 1975). Ses préoccupations sociales sont une constante de son œuvre comme en témoignent Des enfants gâtés (1977) et Ça commence aujourd'hui (1998), deux regards lucides sur la France contemporaine non dénués de poésie.
Bertrand Tavernier se montre capable d'aborder les genres les plus divers, allant de la science-fiction (La Mort en direct, 1979, intelligente réflexion sur l'image et le voyeurisme) aux films de guerre (La Vie et rien d'autre, 1988 ; Capitaine Conan, 1995), de la fresque médiévale (La Passion Béatrice, 1987) à l'adaptation du roman noir (Coup de torchon, 1981). Il fait toujours montre d'un regard lucide et critique, mais aussi d'un sens de l'émotion qui lui est propre, comme dans les films d'inspiration plus personnelle que sont Autour de minuit (1985) ou Daddy nostalgie (1989). Il livre avec L'Appât (1994) son film le plus achevé. (...) Avec Laissez-passer (2000), le réalisateur rend hommage au cinéma français des années quarante qui, malgré l'Occupation et le contrôle allemand sur les maisons de production, a su conserver sa dignité grâce au courage de quelques professionnels du milieu. Les réalisations de Bertrand Tavernier sont font ensuite plus rares : en 2003 il tourne Holy Lola (2003), co-écrit par sa fille Tiffany, qui, entre documentaire et fiction, retrace l'émouvant et difficile parcours d'un couple français arpentant les routes du Cambodge pour tenter d'adopter un enfant. Il faut ensuite attendre 2009 pour voir Dans la brume électrique (2007), adaptation du roman policier de James Lee Burke ; avec cette première expérience américaine, remarquablement saluée par la critique, Tavernier nous plonge dans une Louisiane fantomatique baignée d'une lumière crépusculaire. (...) Dans son dernier film, le documentaire Voyage à travers le cinéma français (2015), Tavernier revient sur sa vie à travers une compilation de 94 films qu'il commente. En 2017, il poursuit sa plongée dans le cinéma français des années 1930 à 1970 avec une série en huit épisodes pour Arte.

Retrouvez Ici d'autres films réalisés par Bertrand Tavernier disponibles en DVD dans les médiathèques.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.