Dans le Paris de la Belle Époque. Elena est une princesse polonaise extraordinairement séduisante, qui s'enthousiasme aussi vite qu'elle se lasse pour les êtres et les causes qu'elle croit nobles. Aussi est-elle successivement l'égérie et l'inspiratrice d'un compositeur, d'un industriel ou du héros du jour, le général Rollan...

Une fantaisie légère et divertissante à la distribution éblouissante.

Le sourire aux lèvres et les yeux pétillants. C’est de cette manière que l’on regarde Elena et les hommes et c’est aussi cela que nous voyons sur l’écran : des comédiens qui s’amusent follement (à commencer par Ingrid Bergman) dans l’espace que leur offre Jean Renoir. Pourtant, le film, sorti un an après le triomphe de French Cancan et se déroulant à la même période historique (la Belle Époque) dans une reconstitution pleine d’enthousiasme, de panache et de couleurs, n’a pas eu de succès. C’est qu’Elena et les hommes est un film plus retors que French Cancan : ce dernier racontait la réussite d’un projet (la conception du Moulin Rouge) et s’achevait en apothéose ; Elena et les hommes raconte un échec (l’ascension et la chute du général Boulanger, devenu ici le général Rollan) et se termine en demi-teinte. Certes, pas de suicide du général, comme dans la réalité, mais tout de même, pour Jean Marais, renoncement à la gloire, impression dérisoire de pétard mouillé, impression à peine atténuée par les consolations de l’amour. De plus, si le charismatique Jean Gabin était le personnage principal de French Cancan et si sa volonté de divertir les foules était hautement louable, Jean Marais est ici un personnage secondaire, plutôt faible et influençable, et son projet « napoléonien » de conquête du pouvoir est hautement contestable : si, en tant que militaire, il envisage simplement une revanche sur les Prussiens, suite à la défaite humiliante de 1870, son entourage politique veut profiter de la popularité du général pour casser la République et instaurer un régime autoritaire. Ayant fait la guerre de 14 et en étant ressorti handicapé à vie (sa jambe fut gravement touchée), Jean Renoir a évidemment beaucoup plus de sympathie pour les gens de spectacle que pour les va-t-en-guerre ! C’est pourquoi il se permet de ridiculiser toute cette histoire de nationalisme, et c’est aussi la raison pour laquelle le sourire ne nous quitte pas d’un bout à l’autre du film. (...) Mais Elena et les hommes est bien plus qu’une charge satirique sur la volonté de pouvoir : c’est surtout un des films les plus complexes de Renoir, un véritable film-somme où le cinéaste fait la superbe synthèse de ses travaux précédents. Claude Monnier. DvdClassik.com

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Jean Renoir commence sa carrière de cinéaste en explorateur. Fasciné par les trucages et par les possibilités d'expression du cinéma, il réalise un premier film impressionniste en 1924, La Fille de l'eau. Influencé par Stroheim et l'expressionnisme allemand, il signe Nana (1926), première œuvre réaliste et critique. Avec La Chienne (1931), qui met en scène Michel Simon, la période réaliste commence, qui va faire de Jean Renoir un cinéaste unique dans le monde. Il retrouve Michel Simon dans Boudu sauvé des eaux (1932). Toni (1934) marque un changement de ton : le cinéaste s'oriente vers un réalisme populiste qui perdure avec Le Crime de Monsieur Lange (1935) et La vie est à nous (1936), en pleine euphorie du Front populaire. Dans un tout autre genre, Une partie de campagne (1936-1946), souvent considéré comme son chef-d’œuvre, tout imprégné de l'esprit de son père, est une fête pour les yeux. Deux autres œuvres maîtresses suivent : La Grande Illusion (1937) montre comment les affinités de classe se nouent par-delà les différences nationales, et La Règle du jeu (1939), film prophétique et complexe, mêle farce, drame et tragédie. Jean Renoir est alors au sommet de son art : à la fois producteur, scénariste, réalisateur et acteur, sa maîtrise de chaque scène et de chaque image impressionne. (...) Sa maîtrise s'exprime encore dans le feu d'artifice du Carrosse d'or (1952). French cancan (1954), Elena et les hommes (1956) et Le Déjeuner sur l'herbe (1959), références picturales aux maîtres de l'impressionnisme, sont admirés par les inconditionnels du cinéaste.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.