CINÉMA FRANÇAIS ANNÉES 60 ET 70
L'horizon
En 1917, Antonin, jeune soldat blessé, retourne chez lui. Il retrouve Élisa, jeune veuve dont il tombe amoureux. Élisa tente de le convaincre de ne pas retourner au front après sa convalescence.
Film inédit en DVD dans les médiathèques.
« Elisa, Elisa, Elisa saute-moi au cou/Elisa, Elisa, Elisa les autres
on s'en fout... » Vous connaissez la chanson ? Gainsbourg, évidemment.
Mais saviez-vous qu'avant de devenir la ritournelle des amants aux âges
désaccordés, cette mélodie fut d'abord un instrumental composé en 1967
pour ce premier film de Jacques Rouffio ? Elisa avait alors le visage de
Macha Méril, frimousse insolente au yeux fendus, pommettes slaves, iris
myosotis. Une femme moderne et provocante de 1917, prête à tout pour
retenir auprès d'elle son poilu bien-aimé. Lequel, par fatalisme, veut
repartir au combat.
Résolument pacifiste, le film évoque les
mutineries, la tentation de la désertion, le spleen terrible du poilu en
perm' (on ne disait pas encore « état de stress post-traumatique »). Il
dresse le portrait sans concession de la vie à l'arrière, loin du front
mais tout près de la peur et de la haine. Peur de la mort, haine des «
boches ». Avec un tel programme, comment le réalisateur parvient-il à
ménager de petits éclats d'humour et d'élégance ? Par la grâce des
acteurs, d'une beauté ravageuse, et la force des dialogues. Adapté d'un
roman de Georges Conchon, sortie entre la fin des « événements »
d'Algérie et le début de la guerre du Vietnam, L'Horizon échappa de peu à
la censure mais son défaitisme valut à Jacques Rouffio dix ans de
traversée du désert. Mathilde Blottière, Télérama.fr
Tout d’abord assistant de Jean Delannoy, Gilles
Grangier, Bernard Borderie ou Georges Franju, Jacques Rouffio fait ses
armes pendant les années 1950. Aux côtés de Grangier ou Borderie, il se
frotte à un cinéma fort en gueule. Un cinéma dont la force tient avant
tout dans une atmosphère et des dialogues portés par des comédiens
charismatiques. Ce style va définitivement influencer Rouffio. En 1966,
il devient réalisateur et met en scène L’Horizon
d’après un scénario signé Georges Conchon. Le film dresse des portraits
de déserteurs pendant la Première Guerre mondiale et… fait un bide ! Il
faudra alors dix ans à Rouffio pour effectuer son retour derrière la
caméra. En 1975, il adapte à nouveau un script de Georges Conchon, 7 Morts sur ordonnance. A cette occasion, il travaille avec Michel Piccoli et Gérard Depardieu. Un an plus tard, il réalise Violette et François
avec Isabelle Adjani, Jacques Dutronc et Serge Reggiani. Son œuvre
rencontre du succès et, en 1978, il fait une nouvelle fois équipe avec
Conchon pour Le Sucre. Les deux artistes se retrouveront en 1986 pour une dernière collaboration, Mon beau-frère a tué ma sœur, une comédie avec Jean Carmet et Michel Piccoli.
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