Lucky est un vieux cow-boy solitaire. Il fume, fait des mots croisés et déambule dans une petite ville perdue au milieu du désert. Il passe ses journées à refaire le monde avec les habitants du coin. Il se rebelle contre tout et surtout contre le temps qui passe. Ses quatre-vingt-dix ans passés l'entraînent dans une véritable quête spirituelle et poétique.

Ce premier long métrage de l’acteur américain John Carroll Lynch (vu dans Fargo, des frères Coen, ou Zodiac, de David Fincher), tourné dans une petite ville du désert texan, est un bel exemple de cinéma indépendant ancré dans la légende de l’Ouest américain. Harry Dean Stanton, l’acteur du Paris, Texas de Wim Wenders, mort en 2017, y est Lucky, increvable fumeur d’American Spirit, cruciverbiste philosophe et d’un athéisme insolent au pays de la foi. L’histoire ? Juste lui, sa silhouette et sa ­démarche de vieux héron, entrant et sortant du cadre, avec ses habitudes, ses manies, ses rencontres insolites et sa cons­cience soudaine de ne pas être éternel. Au hasard de ses mots croisés, Lucky découvre la définition de « réalisme » ; mais ce qui est réel pour lui l’est-il pour les autres ?
Une mélancolie métaphysique flotte, certaines absurdités poétiques rappellent le cinéma de David Lynch. D’ailleurs, le créateur de
Twin Peaks est au bar dans le costume d’un type, timbré et émouvant, qui a une tortue pour seul ami. Les autres seconds rôles convoquent, eux aussi, des souvenirs, comme Tom Skerritt (M.A.S.H., Et au milieu coule une ­rivière) en vétéran qui ne s’est jamais remis de la Seconde Guerre mondiale. Lucky ne croit pas à l’existence de l’âme, mais ce film, voyage immobile et lumi­neux en territoire américain de cinéma, en a une. Il s’achève sur le sourire d’un acteur proche de la mort qui part tranquillement se promener dans le désert. So long, cowboy ! Guillemette Odicino. Télérama.fr

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.