CINÉMA FRANÇAIS ANNÉES 40 ET 50
French cancan
Danglard est le directeur d’une salle de spectacle à Montmartre, le
Paravent Chinois. Sa maîtresse, une comédienne nommée la Belle Abbesse,
en est la vedette. Pour attirer une clientèle de bourgeois, il décide de
relancer une danse passée de mode, le cancan, et de faire construire un
nouvel établissement, le Moulin Rouge.
Une reconstitution soignée de la Belle Époque et une comédie de mœurs grave et drôle, à l'image même de la vie.
Dans son premier film français depuis La règle du jeu, hymne inspiré au monde du spectacle, Jean Renoir magnifie l’imagerie belle-époque mais sait aussi susciter une émotion rare.
L’intrigue déroule le schéma de La règle du jeu
et de tant d’autres films du cinéaste : une femme (Nini) hésitant entre
trois hommes. Les dialogues, s’ils sont riches en trouvailles
savoureuses, sont dénués de cynisme et ne tombent jamais dans le piège
de la réplique qui tue et autres travers qui empoisonnent le cinéma
français de qualité. Pour faire revivre le Paris de la fin du dix-neuvième siècle, Renoir
recourt à une esthétique de studio à base de toiles peintes qui permet
au décorateur Max Douy et au chef opérateur Michel Kelber de réaliser de
véritables prodiges en s’inspirant directement des toiles des maîtres
impressionnistes.
Le plaisir de l’œil est constant dans French cancan mais sans que le film ne se fige en une suite de tableaux. Tout est merveilleusement animé au contraire.
Renoir fait de chacun des innombrables personnages le protagoniste d’un instant, aussi fugitive
que soit son apparition et aussi secondaire que soit le rôle dans
l’économie de l’ensemble. (...) Hymne inspiré au monde du spectacle et à sa morale du don total dans l’instant, French cancan
doit sans doute son succès mérité au cancan final, un éblouissant
morceau de bravoure. Mais nombre d’autres moments sont tout aussi
inspirés. Dans la grande scène de répétition interrompue par l’aveu forcé de Nini,
la traversée de l’écran en diagonale par la jeune femme dont la course
précipitée s’arrête contre un poteau au premier plan est un de ces
points d’acmé dramatique dont Renoir a le secret et où il atteint un
équilibre acrobatique entre virtuosité et émotion. Claude Rieffel. avoir-alire.com
Jean Renoir commence sa carrière de cinéaste en explorateur. Fasciné par
les trucages et par les possibilités d'expression du cinéma, il réalise
un premier film impressionniste en 1924, La Fille de l'eau. Influencé par Stroheim et l'expressionnisme allemand, il signe Nana (1926), première œuvre réaliste et critique. Avec La Chienne
(1931), qui met en scène Michel Simon, la période réaliste commence,
qui va faire de Jean Renoir un cinéaste unique dans le monde. Il
retrouve Michel Simon dans Boudu sauvé des eaux (1932). Toni (1934) marque un changement de ton : le cinéaste s'oriente vers un réalisme populiste qui perdure avec Le Crime de Monsieur Lange (1935) et La vie est à nous (1936), en pleine euphorie du Front populaire. Dans un tout autre genre, Une partie de campagne
(1936-1946), souvent considéré comme son chef-d’œuvre, tout imprégné
de l'esprit de son père, est une fête pour les yeux. Deux autres œuvres
maîtresses suivent : La Grande Illusion (1937) montre comment les affinités de classe se nouent par-delà les différences nationales, et La Règle du jeu
(1939), film prophétique et complexe, mêle farce, drame et tragédie.
Jean Renoir est alors au sommet de son art : à la fois producteur,
scénariste, réalisateur et acteur, sa maîtrise de chaque scène et de
chaque image impressionne. (...) Sa maîtrise s'exprime encore dans le feu d'artifice du Carrosse d'or (1952). French cancan (1954), Elena et les hommes (1956) et Le Déjeuner sur l'herbe (1959), références picturales aux maîtres de l'impressionnisme, sont admirés par les inconditionnels du cinéaste.
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