François travaille dans une banque. Il a vingt-deux ans, et rien ne semble l'intéresser en ce monde. Le directeur de la banque le convoque et lui déclare que vues ses absences répétées, il est congédié. Cette rupture avec le milieu professionnel déclenche chez François un processus d'isolement irréversible. Drogué, François s'isole dans l'univers clos de sa chambre, dans une quasi-solitude, interrompue seulement par les visites de ses amis, sa femme et sa mère, qui finiront par se lasser. Une fois, il tente un retour à la vie… 

Un film sensible et douloureux !

* Prix Jean VIGO 1973.

Les films sont des actes poétiques avant d'être des spectacles. Je suis formaliste, mais la forme est l'expression de la sensibilité. Guy Gilles

Absences répétées est le quatrième long métrage de Guy Gilles. Il ne faut pas s'étonner d'y trouver un certain romantisme lié à l'état d'adolescence et à la nostalgie du passé.
J'ai la nostalgie du passé parce que le passé c'est vécu, fini. J'ai horreur de la vieillesse. Tous mes films sont liés à l’idée du temps, ce qui est le propre des gens qui pensent beaucoup au suicide. Je crois qu'on se suicide par amour de la vie, parce que l'idée que l'on doit forcément mourir conduit au désespoir et à la fascination de la mort. (Guy Gilles). Mais, pour la première fois, Guy Gilles traite ouvertement un thème resté sous-jacent dans ses films précédents : celui de l'amour homosexuel. Dans Absences répétées, l'amour ne se manifeste pas différemment, qu'il s'agisse d'un être de son propre sexe ou du sexe différent. Je crois qu'il faut attendre certains moments pour exprimer des idées comme celle-là. Pas tellement par rapport aux autres mais par rapport à soit-même. Si Proust écrivait aujourd'hui, il oserait appeler Albertine Albert. (Guy Gilles). Drogue, homosexualité, ce n'est pas l'essentiel. L'amour même librement réalisé en dehors des notions de " normal " et d' “anormal”, n'est pas un élément suffisant pour retenir François, amateur d'absolu auquel Patrick Penn prête un visage douloureusement fermé. Du désespoir à la mort, le film suit l'itinéraire d'une autodestruction. “ Je croyais que la vie était un poème”, écrit Français dans son journal intime. Elle ne l'est pas et François devance la mort. Mais les images de Guy Gilles écrivent sur des nuits blêmes des bribes de l'impossible poème. La vie extérieure de François est en noir et blanc, les fantasmes sont en couleurs. Cartes postales manipulées, comme toujours chez Guy Gilles, pour " visualiser " les traces et les cendres du temps, objets démodés, chanson tendre, clocharde grotesquement fardée, pluie qui évoque les larmes, jeunes gens complices qui contemplent, derrière une vitre, le spectacle dérisoire d'un bal populaire. L'érotisme passe par de fiévreuses visions sentimentales, une exigence de pureté. Dans une " soirée " où Pierre Bertin promène la carcasse desséchée de l'homosexualité mondaine et ostentatoire, Français revoit, une dernière fois, les fantômes de sa vie, avant de s'absenter définitivement. (...) Jacques Siclier, Le Monde, D.R.

Né à Alger le 25 août 1940, Guy Gilles est élève de l'école des Beaux-Arts de sa ville natale. Il est d'abord peintre et chroniqueur à "L'Écho d'Alger" avant de réaliser, au sortir de l'adolescence, deux courts métrages produits avec l'argent de ses piges, Soleil éteint et Au biseau des baisers. Guy Gilles débarque à Paris, en décembre 1960. En allant montrer ses films au producteur Pierre Braunberger, il rencontre François Reichenbach, qui l'engage comme opérateur et produit son court métrage Melancholia. Guy Gilles fait aussi la connaissance d'Agnès Varda et de Jacques Demy, dont il deviendra l'assistant pour La Luxure, le sketch des Sept péchés capitaux (1961). A vingt cinq ans à peine, il a touché à tous les métiers du cinéma, ce qui lui permettra d'avoir plus tard une maîtrise totale de ses propres films.

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