LA VIE MÊME
Une jeunesse dorée
Paris 1979, au cœur des années Palace. Haut lieu de la nuit où se retrouvent artistes, créatures et personnalités, guidés par une envie de liberté. Rose, une jeune fille de 16 ans issue de la DASS, et son fiancé Michel, 22 ans, jeune peintre désargenté, vivent leur première grande et innocente histoire d’amour. Lors d’une soirée, Rose et Michel font la connaissance de Lucille et Hubert, de riches oisifs, qui vont les prendre sous leur aile et bousculer leur existence.
* Inédit en DVD en médiathèques !
Au volant d’une DS, il vient la délivrer avec des
ailes d’ange sur le dos. Beau début, comme échappé d’un livre d’images.
Le sauveur, c’est Michel, 22 ans, peintre fauché, doux-rêveur mais aussi
protecteur, qui accepte, avec l’accord d’un juge, de veiller sur sa
fiancée, Rose, issue de la Ddass. Elle a 16 ans, elle gouaille et
rayonne comme une Bardot rock (étonnante Galatea Bellugi). Le couple
s’installe chez des amis. On est en 1979, au cœur des fameuses « années
Palace », peuplées de ces « jeunes gens modernes » dont le club parisien
branché et décadent fut le symbole.
Comme son héroïne, l’actrice-réalisatrice a vécu, toute jeune, cette époque. Elle poursuit sa libre autobiographie entamée avec My little princess,
où elle retraçait son enfance abusée par une mère toxique qui fit
d’elle une Lolita. On est, cette fois, dans l’après. Pas vraiment dans
l’adolescence, ni même l’âge adulte, mais plutôt dans une sorte de
jeunesse éternelle. Si Eva Ionesco est précise, soucieuse de détails
dans l’évocation du Palace, de ses rites, musiques emblématiques et
figures notoires (dont Alain Pacadis, dandy autodestructeur, chroniqueur
à Libération), elle ne cherche nullement à être réaliste.
Voilà toute l’originalité de cette reconstitution bricolée,
bringuebalante, où la cinéaste recouvre l’innocence d’une enfant. Elle
assemble des éléments disparates pour en tirer un collage fétichiste,
qui tend vers le conte. Un conte pour adultes, érotique et opiacé,
surtout dans sa deuxième moitié, huis clos hors du temps, dans la vaste
propriété de Lucille (Isabelle Huppert), mécène extravagante, et de
Charles (Melvil Poupaud), écrivain très fin de siècle, à la Huysmans. Ce
couple d’oisifs richissimes s’entiche des tourtereaux, les éduque et
les pervertit, en les embarquant dans un libertinage à quatre. Chacun y
trouve son compte mais certains y laisseront quelques plumes.
Ce film faussement léger est dominé par des sentiments violents. « Cinq jours sans dormir, c’est trop pour moi »,
bâille Isabelle Huppert s’avouant vaincue, dans une aube blafarde et un
état second, pas seulement dû à l’alcool et aux stupéfiants… La fête
permanente célébrée ici, celle de l’amour exacerbé, est indissociable
d’un art fugace de vivre. Jacques Morice. Télérama.fr
Eva Ionesco est une actrice et réalisatrice française. A 5 ans, Eva Ionesco est le modèle favori de sa mère, Irina Ionesco, photographe
à la réputation sulfureuse. Elle fait sa première apparition à l'écran
en 1976 dans Le Locataire de Roman Polanski, puis joue les lolitas dans des films marginaux de la fin des années 70. Élève de la prestigieuse école des Amandiers, dirigée par Patrice Chéreau et Pierre Romans dans les années 80, Eva Ionesco est l'une des héroïnes de L' Amoureuse, que Jacques Doillon
réalise en 1987 avec les apprentis comédiens de Nanterre. Cette blonde
fantasque à la voix haut perchée devient bientôt une silhouette
familière du jeune cinéma français, multipliant les seconds rôles et les participations à des courts-métrages...sans jamais parvenir à percer réellement. Elle décide alors de se tourner
vers la réalisation. En 2011, elle présente My little princess qui
retrace sa vie avec Anamaria Vartolomei dans son propre rôle, enfant, et Isabelle Huppert dans celui de sa mère. Le film est présenté en compétition officielle lors de la 50ème Semaine de la Critique.
Visitez la page facebook des médiathèques...