LA VIE MÊME
À tout de suite
Quand elle raccroche le téléphone après un à tout de suite de son amoureux, elle sait bien sans le savoir encore ce qu'elle ne savait pas du tout : celui qu'elle aime, ce prince de nulle part, il est bandit, il vient de commettre un hold-up, il y a mort d'hommes. C'est dans les années 1970, elle a 19 ans, et tout de suite justement, comme on rêve éveillé, elle bascule tête la première de l'espace contraint par l'appartement paternel - longs couloirs, beaux quartiers - à une géographie fugueuse - de l'Espagne au Maroc et à la Grèce - et d'une vie de jeune fille presque rangée à sa vie comme elle l'aura voulue pour le meilleur et pour le pire.
Inédit en DVD dans les médiathèques.
Benoît Jacquot a toujours eu un don pour filmer d'accortes jeunes filles déambulant dans de grands appartements bourgeois. La première partie d'A tout de suite prend ainsi la forme d'une suite brillante pour serrures et couloirs, un labyrinthe dont la jolie héroïne, livrée à elle-même par des parents absents, cherche la sortie. Celle-ci aura les traits d'un voyou trop séduisant... Dans la tradition de certains classiques américains, voici donc le récit d'une cavale, la fille littéralement aimantée par le visage du garçon.
Pour le cinéaste, il n'est pas question de chercher le classicisme du film noir, fût-il « à la française », mais plutôt une mythologie de la fuite et de l'abandon amoureux. A tout de suite ne cesse ainsi d'osciller entre le réalisme, qui naît de la forte incarnation charnelle des jeunes et excellents comédiens, et une forme plus élaborée d'artifice. Un exemple : tirée d'une histoire vraie, l'intrigue se situe dans les années 1970. Pas de reconstitution pourtant, mais un savoureux collage : des extraits des actualités viennent de loin en loin se juxtaposer à la fiction. Volonté d'épure : l'essentiel est ailleurs, dans ce personnage principal qui ne quitte jamais l'écran, et auquel Isild Le Besco prête son son naturel. L'amour fou donne des ailes au personnage et à l'actrice, et ce beau spectacle est le cœur battant du film. Télérama.fr
Benoît Jacquot débute en 1965 comme assistant réalisateur de Marcel
Carné, de Roger Vadim et de Marguerite Duras. Il travaille ensuite pour
la télévision. Rompant avec l'esthétique de la Nouvelle Vague et suivant le travail de
Robert Bresson, Benoît Jacquot réalise en 1975 un film inspiré d'une
nouvelle de Fedor Dostoïevski, L'assassin musicien.
L'immobilité de la caméra, le nombre réduit de plans, la voix monocorde
des comédiens en font un film froid et austère qui sort en salle dans
une relative confidentialité. Dès cette première œuvre, Benoît Jacquot
se révèle exigeant et difficile, polarisé par une approche analytique
des scénarios. (...) Avec La désenchantée (1989), interprété par Judith Godrèche, il
s'éloigne du cinéma d'auteur à la lisière de la marginalité et adopte
une approche plus réaliste de ses personnages, plaçant ces derniers au
centre du film. A l'instar de Judith Godrèche, Virginie Ledoyen, dans La fille seule (1995), apparaît dans chaque plan, et le film adopte son rythme, de façon à exprimer sa vivacité et sa soif de vivre. Le septième ciel
(1997), avec Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon, est le premier
succès public du réalisateur. En 1998, il retrouve Isabelle Huppert dans
une adaptation d'un roman de Yukio Mishima, L'école de la chair
: une femme travaillant dans le milieu de la mode tombe amoureuse d'un
jeune homosexuel qui vit d'expédients. Le film est présenté au Festival
de Cannes. En 1999, il dirige Fabrice Luchini, Vincent Lindon et
Isabelle Huppert dans Pas de scandale. S'ensuit une période prolifique marquée par la réalisation de films "à costume": La fausse suivante (2000), captation filmique d'une pièce de théâtre de Marivaux; Sade (2000), l'adaptation des écrits du Marquis de Sade; Tosca (2001), une version sur grand écran de l'opéra du même nom; ou encore Adolphe (2002), avec Isabelle Adjani et Stanislas Merhar. La femme, figure centrale du cinéma de Benoît Jacquot, est à nouveau mise à l'honneur dans A tout de suite (2004), L'intouchable (2006) avec Isild Le Besco et Villa Amalia
(2008), son cinquième film avec Isabelle Huppert.
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