CHRONIQUES HISTORIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES
120 battements par minute
Début des années 1990. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.
* Grand Prix du Festival de Cannes 2017.
* César du Meilleur film français de l'année 2018.
* César du Meilleur scénario original pour Robin Campillo.
Le film de Robin Campillo retrace les années Act Up et restitue la rage de vivre et d’aimer de militants et de malades du sida. (...) Dire les choses, c’est le point commun de tous les personnages, qui
débattent ou s’affrontent sur les actions à mener en ce temps où l’on
meurt du sida dans l’indifférence — des pouvoirs publics, des
laboratoires, de la société. Certains participants sont déjà malades,
d’autres séronégatifs. Il y a des homos et des hétéros, femmes et
hommes, des hémophiles contaminés, des mères de séropositifs. Le
sentiment d’urgence n’empêche pas l’humour — cinglant —, l’autodérision,
les inimitiés et les désaccords majeurs. Avec ce percutant théâtre de
la parole, 120 Battements par minute réussit d’emblée sur un
terrain réputé aride (la discussion politique filmée), où seuls les
documentaristes, en général, se risquent.(...) Les trois interprètes sont époustouflants, chacun dans leur registre : le disert Antoine Reinartz, le fiévreux Nahuel Pérez Biscayart (révélé par Au fond des bois, de Benoit Jacquot) et le doux Arnaud Valois. Ce triangle se détache d’un groupe de personnages tous marquants et attachants, dont la pasionaria jouée par Adèle Haenel. Le film impressionne par la fluidité de sa montée en puissance, la
sophistication discrète de sa structure. La reconstitution des années
Act Up (actions spectaculaires comprises), qui semble déjà un film en
soi, laisse peu à peu éclore l’histoire intimiste — l’amour tragique
entre Sean et Nathan. La fresque documentée, sans passer au second plan,
y gagne une extrême intensité romanesque, proche d’Angels in America, la
pièce (et série) américaine de référence sur le sida. Robin Campillo
sait ralentir le rythme, éterniser les premières étreintes et les récits
biographiques des personnages, tout en gardant le fil de l’engagement
collectif. Il sait aussi insérer dans sa mise en scène réaliste des
images mentales (la Seine devenue rouge sang) et des télescopages
historiques : au stade terminal, à l’agonie, un étudiant se souvient
d’un texte sur la Commune tandis qu’à l’image le groupe d’activistes
manifeste dans Paris. Comme une lignée séculaire de l’insurrection. Un
mémorial en miroir. (...) Louis Guichard. Télérama.fr
Depuis ses études à l’Idhec (devenu la Femis) dans les années 1980,
Robin Campillo trace un chemin particulièrement atypique. D’abord
monteur à la télévision, puis coscénariste fidèle de Laurent Cantet (L’Emploi du temps, Vers le sud, Entre les murs…), il ne réalise son premier long métrage qu’en 2004, à 42 ans : Les Revenants. Ce
film (qui inspirera, plus tard, la série de Canal+) évoque, déjà, le
traumatisme des années sida, mais par l’allégorie, à travers le miracle
d’un retour massif de disparus auprès de leurs proches. Il faut ensuite
neuf ans au cinéaste pour signer Eastern Boys, magistrale histoire d’envahissement et de dépossession consentie. Puis Robin Campillo redevient scénariste pour le romanesque Planétarium, de Rebecca Zlotowski (2016), drame de l’aveuglement collectif à la fin des années 1930.
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