Quelques heures à Austin, Texas, un jour d’été en 1989. La caméra suit un passant puis l’autre, voyageant à travers les rues de la ville et multipliant de curieuses rencontres, jeunes excentriques, velléitaires et complotistes, personnages originaux et anticonformistes.

Tourné dans sa ville de cœur, Austin, au début de l’année 1990, Slacker est le film-culte du réalisateur indépendant Richard Linklater!

Durant un peu plus d’une journée, le film fait le portrait d’une centaine d’habitants d’Austin (Texas), la plupart membres de sa contre-culture, au fil de leurs déambulations respectives.

C’était avant Internet. George Bush senior était président depuis peu. Le groupe Nirvana fédérait le malaise de la fameuse génération X. Et Richard Linklater, futur auteur de Boyhood (2014), réalisait, sans budget, un deuxième long métrage à Austin–Texas où il vit encore aujourd’hui. Longtemps inédit en France, le résultat fut d’emblée l’objet d’un culte cinéphile aux États-Unis. Les « glandeurs » (traduction de slacker) âgés de 20 ou 30 ans au début des années 1990, ce film les montre par dizaines, selon un principe qui rappelle La Ronde, de Max Ophuls : aussitôt qu’un personnage s’éclipse, un autre rejoint ou croise celui ou celle qui partageait sa scène, et ainsi de suite. Dialogue, soliloque, logorrhée, délire… À chacun sa manière d’exprimer un immense doute quant à la marche du monde, et en particulier au durcissement néolibéral de l’Amérique et à l’envahissement des images (la télé, à l’époque). L’oisiveté renforce encore la prescience d’un désastre à venir. Aucun suspense pourtant, aucune narration, rien que des idées noires en rafales : Slacker reste un grain de folie dans le paysage de la fiction américaine. Contemporain de ses personnages, Richard Linklater (qui joue la première scène) dévoile sans doute, à travers leurs confessions, son propre désenchantement : « J’ai beaucoup voyagé, mais dès que tu rentres à la maison, tu ne sais plus si tout ça t’est vraiment arrivé à toi ou si tu l’as juste vu à la télé. » Louis Guichard. Télérama.fr

Après des études universitaires à Houston, Richard Linklater s'installe à Austin où il fonde au milieu des années 80 l'Austin Film Society, dont le but est de donner une chance au public de découvrir des films internationaux qui n’étaient jusqu’alors pas projetés dans la région. Il fait parallèlement ses gammes de cinéaste et réalise le court-métrage Woodshock en 1985 puis trois ans plus tard son premier long, un film en Super 8 intitulé It's impossible to learn to plow by reading books. En 1991, Richard Linklater signe Slacker, un film expérimental dont l’histoire raconte 24 heures dans la vie de 100 jeunes gens. Après cette œuvre saluée à Sundance, il confirme l'essai deux ans plus tard avec Génération Rebelle, où il poursuit l'étude de la jeunesse américaine et creuse un peu plus le sillon d'un cinéma très attaché aux relations humaines et où la musique tient une place primordiale. Avec Before Sunrise, couronné du Prix de la mise en scène à Berlin en 1995, Richard Linklater connaît la consécration. Cette comédie romantique marque également sa première rencontre avec celui qui deviendra son acteur fétiche, Ethan HawkeRichard Linklater revient en 2003 à ce qui a fait son succès : il réalise la comédie musicale Rock Academy, menée par Jack Black, avant de retrouver les personnages de Before Sunrise dans une suite intitulée Before Sunset. En 2006, non content de présenter en compétition à Cannes Fast Food Nation, une satire de la société de consommation, Richard Linklater signe A Scanner Darkly, l'adaptation du roman futuriste de Philip K. Dick, Substance mort. Toujours enclin à expérimenter, le réalisateur mêle animation et prises de vue réelles. Il renoue ensuite avec Ethan Hawke et Julie Delpy grâce à Before Midnight en 2013, dernier volet de la trilogie débutée presque vingt ans plus tôt. L'année suivante, il présente Boyhood, un projet hors-norme réalisé sur une période de douze ans. Il y suit un jeune garçon, de ses six ans à sa majorité, et livre un film unique sur la famille et le temps qui passe. Couronné de prix, Boyhood est notamment nommé à six reprises aux Oscars 2015.


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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.