Du cirque au théâtre, de l'anonymat à la gloire, l'incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu'il forme avec Footit va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle Epoque, avant que la célébrité, l'argent facile, le jeu et les discriminations n'usent leur amitié et la carrière de Chocolat.

* César du Meilleur acteur dans un second rôle pour James Thiérrée.

* César des Meilleurs décors pour Jérémy Duchier.

[…] Au prix d'un certain nombre de torsions et de raccourcis par rapport à la biographie soigneusement reconstituée de cet artiste pionnier par l'historien Gérard Noiriel, Zem se focalise sur la relation complexe entre le clown blanc et son faire-valoir noir, sous la forme d'un buddy movie jouant des contrastes entre le mentor dépressif et secret et son acolyte a priori déconsidéré, mais tirant néanmoins toute l'attention et les lumières à lui. Le récit se présente ainsi comme l'histoire d'un succès hanté par l'échec où certains attributs de la valorisation sociale (l'argent, les femmes, la notoriété…) se déversent sur Padilla pendant que son amour-propre continue d'être malmené - d'autant plus que personne ne semble imaginer qu'il en possède un.

Il est d'abord vu comme un cannibale et sa cote de popularité lui permet au mieux d'accéder au statut de grand enfant rigolard. Les numéros de cirque tels qu'ils apparaissent à l'écran ne sont pas des mises en scène proprement racistes, mais le film entend montrer dans un passage éclairant comment les gesticulations équilibrées et réciproques de Footitt et Chocolat ne font rire personne, alors que le dénivellement entre le noble et l'ignoble, celui qui tape et celui qui se fait battre, l'intelligent au visage sérieux et le mariolle à la figure charbon, rend instantanément des salles hilares. Cocteau écrivit, après avoir vu le tandem au Nouveau Cirque : «D'un toréador, Footitt avait les paillettes, la souplesse, le charme, la gloire et le prestige. Chocolat, nègre stupide en culotte de soie noire collante et frac rouge, servait de prétexte aux brimades et aux taloches.» Didier Péron, Libération, 2016.

Roschdy Zem est un acteur, scénariste et réalisateur français né en 1965. Fils d'immigrés marocains, il est passionné de théâtre et de football. A 20 ans, vendeur de jeans sur les marchés, il est repéré par un assistant d'André Téchiné pour des petits rôles dans J'embrasse pas en 1991 et Ma saison préférée en 1993.

A 30 ans, sa carrière est lancée après deux interprétations remarquées : un toxicomane dans N'oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois et un veilleur de nuit dans le premier film de Laetitia Masson En avoir ou pas. Dès lors, l'acteur se construit une filmographie variée, passant du film d'auteur aux comédies populaires. Il joue sous la direction de Patrice Chéreau dans Ceux qui m'aiment prendront le train (1998), mais aussi dans un long métrage qui lui tient particulièrement à cœur, L'Autre Côté de la mer (1997) premier film de Dominique Cabrera sur la guerre d'Algérie (il ouvre d'ailleurs la voie aux comédiens d'origine arabe à l'instar de Sami Bouajila). Il retrouve André Téchiné dans Alice et Martin (1998), et tourne avec Pierre Jolivet pour Ma petite entreprise (1999), pour lequel il obtient une nomination aux Césars. Il change de registre, passant de la prostituée travestie de Change moi ma vie de Liria Begeja (2001) au personnage comique de Frère Jean dans Chouchou (2003). Il va jusqu'à apprendre l'hébreu pour son personnage dans Va, vis et deviens (2005). Il incarne un flic dans Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois (avec à la clé une nouvelle nomination aux César). En 2006, il a reçu le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes pour Indigènes, collectivement avec les autres interprètes principaux du film. La même année, il réalise Mauvaise Foi, son premier long métrage. En 2011, il tourne son deuxième film en tant que réalisateur avec Omar m'a tuer, tiré de l'affaire Omar Raddad.
En parallèle de sa carrière naissante de réalisateur, Roschdy Zem continue de sillonner le polar à la française, le gun toujours en bandoulière : il est une légende du banditisme dans A bout portant (2010) de Fred Cavayé, un commandant à la Brigade Mondaine dans Une nuit (2011), un patron au trafic d’armes à Marseille dans Mains armées (2012) ou encore un mystérieux étranger chez David Marconi dans Collision (2013).

Changement de registre en 2014, où le gangster du cinéma français campe le collègue sans-abri d'Anaïs Demoustier dans le fantaisiste Bird People, puis un grand chef étoilé dans la comédie On a failli être amies, aux côtés de Karin Viard et Emmanuelle Devos. La même année, Roschdy Zem sort son troisième long-métrage, Bodybuilder, l'histoire d'un adolescent de vingt ans rencontrant pour la première fois son père qu'il ne connaissait pas et découvre en même temps la passion de ce dernier pour le culturisme. L'acteur-réalisateur ne perd pas de temps puisque début 2016 sort en salle sa nouvelle réalisation, le biopic Chocolat. Il réalise par la suite Persona non grata où il se met en scène aux côtés de Raphaël Personnaz et Nicolas Duvauchelle. Son dernier film, Sans filtre, devrait sortir prochainement dans les salles de cinéma.

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Ce film est interdit aux moins de 12 ans.