D'après le roman de Louis Pergaud (1912). Deux villages, Longeverne et Velrans, sont en guerre. C'est la guerre que mènent chaque année les écoliers des deux communes. Quand la troupe de Longeverne, commandée par le grand Lebrac, fait un prisonnier, on soustrait à ce dernier tous ses boutons. Cette méthode remporte un franc succès, à tel point que les troupes, pour éviter cette extrême humiliation, se mettent à combattre nues…

Pleins de fraîcheur et de spontanéité, les enfants sont époustouflants !

* Prix Jean Vigo 1961

Yves Robert (1920-2002) monte à Paris alors qu'il n'a pas encore vingt ans. Débrouillard, il multiplie les emplois les plus divers (typographe, terrassier, cycliste, etc.). Il débute sa carrière artistique dans les cafés-théâtres. Remarqué pour ses qualités de mime et d'imitateur, Yves Robert ne tarde pas à se faire un nom, adaptant Boris Vian, et Jacques Prévert pour la scène. Il monte les pièces de Marcel Aymé, Jean Anouilh, Jean Cocteau, Marcel Achard et Françoise Sagan. Sa première apparition au cinéma remonte à 1948. René Lucot lui donne un rôle dans Les Dieux du dimanche. Après quelques films assez mineurs Marcel Carné l'engage pour Juliette ou la Clé des songes (1950). Il enchaîne ensuite quelques belles réussites, dont Les Grandes Manoeuvres (René Clair, 1955) et La Jument verte (Claude Autant-Lara, 1959).

Mais Yves Robert ne se contente pas de jouer la comédie et devient rapidement metteur en scène. Après un court métrage, Les bonnes manières (1951), il réalise Les Hommes ne pensent qu'à ça (1954), mais c'est Ni vu ni connu (1958) qui l'impose comme un metteur en scène à part entière. Adaptée d'une nouvelle d'Alphonse Allais, cette comédie reste un bijou de loufoquerie. Yves Robert a souvent adapté des classiques de la littérature pour le cinéma : Louis Pergaud (La Guerre des boutons, Prix Jean Vigo 1961) et Marcel Pagnol (La Gloire de mon père et Le Château de ma mère en 1990) fourniront des matériaux de choix à cet autodidacte. Mais ses succès les plus marquants, il les devra à son association avec Jean-Loup Dabadie. Ensemble, Robert à la caméra et Dabadie au scénario, ils produiront quelques unes des meilleures comédies françaises, parmi lesquelles on retiendra surtout Un éléphant, ça trompe énormément (1976) et sa suite Nous irons tous au paradis (1977). Captant l'ère du temps de la France pompidolienne, ces deux films sont autant de sommets de la comédie à la française des années 70.

Une autre collaboration marqua la carrière d'Yves Robert, celle qui l'unit le temps de trois films à succès à Pierre Richard, dont la saga du Grand Blond avec une chaussure noire (1972) et Le Retour du grand blond (1974). L'acteur Yves Robert joue d'une palette plus étendue, qui va de la comédie - Signé Arsène Lupin (Yves Robert, 1959) , L' Aventure c'est l'aventure (id., 1972), La Crise (Coline Serreau, 1992) - au drame -, Le Juge et l'Assassin (Bertrand Tavernier, id.) ou Disparus (Gilles Bourdos, 1998), son dernier film. Mais, c'est face à Patrick Dewaere dans Un mauvais fils (Claude Sautet, 1980) qu'il impressionne le plus. Par sa retenue et son authenticité, Robert démontre d'exceptionnelles qualités d'acteur que des années passées au service de la comédie avait un peu fait oublier. Trois ans plus tard, il retrouvera Sautet pour Garçon !.

(Source : Ciné Club de Caen)

La Guerre des boutons n’est pas un film de guerre comme les autres. Ici, on se bat avec des bâtons de bois en guise d’épées, tandis que les lance-pierres remplacent les arcs et les flèches. Et la meilleure des armures reste encore de se battre… tout nu ! On ignore ce qui est à l’origine de la querelle entre les enfants de Longeverne et ceux du village voisin, Velrans, mais aucun des deux camps n’est prêt à s’avouer vaincu. Après chaque « bataille », il faut s’organiser, planifier des stratégies d’attaque, envisager les défenses… Pas de doute, il s'agit bien d'une guerre... mais pas comme les autres : celle-ci ressemble davantage à l’école buissonnière.

Comme souvent dans les films d’Yves Robert, les copains passent avant tout. En adaptant le roman de Louis Pergaud, il réalise un véritable hymne à la camaraderie et à l’importance de faire partie d’un groupe. Cela signifie rigoler, partager des expériences communes. Mais en temps de guerre, cela veut aussi dire s’entraider, être solidaire. L’union fait la force, et chez les Longeverne, le charismatique Lebrac se positionne comme le chef incontesté de la bande. Capable de rassembler ses troupes et de se faire respecter, c’est également un stratège hors pair : en effet, dans la France d'après-guerre, la sévérité des adultes est telle que la moindre bêtise entraîne une punition brutale. Or, le meilleur moyen pour que les enfants de Velrans se fassent punir par leurs parents, c’est d'arracher les boutons de leurs vêtements (sans compter les lacets et les bretelles qui coutaient très cher à l’époque). Chaque « prisonnier de guerre » y passe. Mais lorsque les Velrans leur volent l’idée et se mettent à voler leurs boutons, Lebrac et ses copains commencent à constituer un « trésor de guerre » en cas de coup dur.

Le film dénonce l’autorité excessive des adultes envers leurs enfants : Lebrac est certes un cancre, mais son père violent est loin d’être un exemple. C’est pourquoi il se rebelle contre l’autorité de l’école, refuse le monde des grandes personnes. Pour lui, la vraie liberté se trouve uniquement au sein de sa bande de copains. Les scènes entre les enfants donnent ainsi lieu à de grands moments d’allégresse et de légèreté. Et puis dans la bande, il y a Petit Gibus, l’écolier espiègle qui répète à plusieurs reprises cette phrase aujourd’hui culte : « Si j’aurais su, j’aurais po v’nu ». Avec sa bouille à croquer et sa naïveté, il participe beaucoup à l’humour du film. A la fois épique, drôle et touchant, La guerre des boutons est une joyeuse récréation, à partager en famille ; un film intergénérationnel ! Antoine De Ducla, Benshi.fr

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