LA VIE MÊME
L'hermine
Michel Racine est un président de cour d'assises redouté. Aussi dur avec lui qu'avec les autres, on l'appelle "le président à deux chiffres ". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d'homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il ait jamais aimée.
Christian Vincent retrouve Fabrice Luchini, vingt-cinq ans après La Discrète. Encore un film sur l'éloquence, au service de la justice, cette fois le comédien interprète un magistrat redouté, surnommé « le président à deux chiffres » parce qu'il ne fait jamais condamner à moins de dix ans. Un procès s'ouvre sur un infanticide. Dans le box des accusés, un père, soupçonné d'avoir tué son bébé... Les jurés de diverses classes sociales qui font connaissance, la tension et la solennité d'une audience de cour d'assises, tout est reconstitué avec soin et réalisme. Pas de vision caricaturale comme souvent, mais un regard précis sur ce qui se joue dans le prétoire et les coulisses.
Parallèlement au procès se développe aussi une histoire d'amour. Car, heureux hasard, Michel Racine retrouve dans le jury une femme, médecin, qu'il a naguère aimée. Ces retrouvailles transforment le monstre froid, l'humanisent. La conversion paraît un peu facile. Perce néanmoins une émotion sensuelle, électrique, dans les paroles et les regards échangés par le juge et la jurée. Les comédiens y sont pour beaucoup. De Sidse Babett Knudsen, l'actrice danoise révélée par la série Borgen, émane une séduction solaire, tant charnelle qu'intelligente. Luchini, lui, confirme sa tendance, depuis plusieurs films, à intérioriser son jeu. Il dose, avec subtilité, désormais : l'aigreur et la renaissance, l'aplomb et la fragilité. Jacques Morice. Télérama.fr
Après des études de sociologie et de cinéma, Christian Vincent intègre l'IDHEC en 1979.
Dans ce cadre, il tourne plusieurs courts remarqués, comme Il ne faut
jurer de rien (1983) avec, déjà, Fabrice Luchini, avant de devenir
assistant monteur sur les derniers films de... Max Pécas. A la fin des années 80, Christian Vincent fait des recherches sur
la coquetterie au XVIIIe siècle, et notamment l'usage des mouches, pour
les besoins d'un film collectif doit il doit réaliser un sketch. Le
projet est abandonné, mais fournira au cinéaste l'argument de son
premier long métrage, La Discrète, brillante comédie de caractères avec
l'éloquent Luchini, acteur rohmérien encore inconnu du grand public.
Succès critique et commercial inattendu, le film récolte trois César en
1991, dont celui de la Meilleure première œuvre, et fait du cinéaste
l'un des jeunes auteurs en vue, aux côtés de Rochant ou Desplechin.
Christian Vincent enchaîne avec le modeste Beau fixe, marivaudage qui offre à
Isabelle Carré et Elsa Zylberstein leur premier grand rôle en
1992. Tourné dans des conditions plus confortables - Claude Berri à la
production, Isabelle Huppert et Daniel Auteuil au casting-, La Séparation, son troisième
opus, relate avec délicatesse une rupture amoureuse. En 1997, Je ne
vois pas ce qu'on me trouve, avec Berroyer, témoigne encore du talent de
Christian Vincent à croquer le quotidien avec tendresse et humour, mais
le cinéaste choisit ensuite de bousculer ses habitudes en signant en
2000 Sauve-moi, chronique sur la misère sociale, tournée à la suite d'un
atelier d'écriture mis en place autour de 17 chômeurs. Après cinq ans
passés à plancher sur des projets qui n'aboutiront pas, il aborde, sur
un ton léger, le thème des familles recomposées dans Les Enfants, sa
troisième collaboration avec Karin Viard. En 2006, il s'essaie à la
comédie sophistiquée façon Lubitsch avec Quatre étoiles, un film en
forme de bulle de champagne qui le voit retrouver Isabelle Carré, près
de quinze ans après Beau fixe.
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