POLARS,FILMS NOIRS, THRILLERS
Le voyage de la peur - VOstf (The Hitch-Hiker)
Roy Collins (Edmond O’Brien) et Gill Bowen (Frank
Lovejoy) prennent la route pour une escapade à deux, cachant à leurs
épouses respectives qu’ils s’en vont en virée du côté du Mexique. Ils
prennent sur leur route un auto-stoppeur, Emmet Myers (William Talman),
qui se révèle être un dangereux criminel en fuite recherché par la
police de plusieurs Etats pour une série de meurtres commis contre des
automobilistes. Le fuyard prend les deux hommes en otage et les oblige à
le conduire jusqu’à la frontière mexicaine. Le voyage de l’angoisse commence...
Après plusieurs films sociaux, Ida Lupino réalise le premier film noir signé par une femme.
Ce film, tourné juste avant The Bigamist, tranche avec
les précédentes réalisations de Lupino. D’une part car il ne prend pas
comme sujet principal le parcours d’une femme meurtrie mais se consacre à
un trio masculin, ensuite car Lupino s’essaye à un genre très codé et,
ce faisant, modifie son approche de la mise en scène.
Lupino et Collier Young partent d’un fait divers sanglant qui vient de
se dérouler en Californie : un homme a assassiné une famille (dont trois
enfants) avant de prendre un couple en otage, forçant celui-ci à faire
route jusqu’au Mexique où il espère échapper à la police. (...) La rupture avec ses autres films n’est pas non plus totalement franche. On retrouve dans The Hitch-Hiker
cette linéarité du récit propre à la cinéaste, ainsi qu’une galerie de
personnages perdus, désorientés, qui ne savent pas comment faire face au
drame qui les accable. La linéarité chez Lupino prend souvent la forme
de trajets, de déplacements. Ceux-ci sont toujours forcés et ne sont
pas, comme dans le western classique par exemple, un voyage choisi au
cours duquel le héros parvient à résoudre les enjeux dramatiques du
récit. Chez Lupino, les personnages ne voyagent pas, ils fuient, de
manière souvent désespérée. Ils n’ont pas de buts, pas d’objectifs, et
le trajet n’est pas porteur d’une résolution. C’est en eux, et par les
rencontres qu’ils font, qu’ils y parviennent et leur fuite se solde le
plus souvent par un retour à la case départ. Ici, le preneur d’otages
n’a pas de plan, pas d’échappatoire, et il entraîne avec lui ses deux
prisonniers alors qu’il se sait courir à sa perte. De cette terrible
odyssée, rien de bon ne ressortira. Tout ce que vont découvrir Roy et
Gilbert c’est la peur, l’humiliation et la part la plus noire de leur
être...Retrouvez Ici la suite de la critique du Voyage de la peur d'Ida Lupino, sur DvdClassik.
Ida Lupino, née en Angleterre en 1918, est issue d’une
grande dynastie d’acteurs de théâtre dont les racines remontent à la
Renaissance italienne. Elle entre à l’Académie Royale d’Art Dramatique à treize ans et, un an
plus tard, part déjà en tournée dans toute l’Angleterre. Elle débute sa
carrière au cinéma en 1932 - elle a alors dix-huit ans - dans un premier
rôle que lui offre Allan Dwan (Her First Affair). Après quelques films tournés en Angleterre, elle gagne Hollywood en 1934. Ses interprétations chez Lewis Milestone (Paris in Spring) et William Wellman (La Lumière qui s’éteint) la font entrer à la Warner en 1940 où elle devient une star maison.
Ida Lupino monte
une maison de production avec son mari, le romancier Collier Young. Son
nom, The Filmakers, clame haut et fort à la face de Hollywood,
où le producteur est encore roi, que le cinéaste est et doit être au
cœur du projet d’un film. L’ambition du studio est de réaliser des films
indépendants, à budgets réduits, qui s’intéresseraient à des sujets
écartés par le cinéma classique et s’attacheraient à la classe moyenne
américaine. Lupino passe à la réalisation en 1949. C’est le début d’une seconde carrière. Une femme réalisatrice est alors chose extrêmement rare, aux Etats-Unis
en particulier où le seul nom qui vient à l’esprit est celui de Dorothy
Azner. Lupino parvient donc à s’imposer en tant que cinéaste (elle est
la deuxième femme acceptée au syndicat des réalisateurs) et, deuxième
gageure, prend à bras-le-corps des sujets jusqu’ici quasiment absents
des écrans de cinéma. Ida Lupino entend montrer dans ses films un visage peu connu de
l’Amérique, donnant des premiers rôles magnifiques à des personnages
féminins et traitant de sujets de société forts et assez provocateurs
pour l’époque. A lire Ici le passionnant portrait de la cinéaste Ida Lupino, sur DvdClassik.
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