POLARS,FILMS NOIRS, THRILLERS
Selon la police
Un matin, un flic de terrain usé jusqu’à la corde, que tous dans son commissariat appellent Ping-Pong, brûle sa carte de police et disparaît sans prévenir. Durant un jour et une nuit, ses collègues le cherchent, le croisent et le perdent dans Toulouse et sa banlieue. Mais chaque heure qui passe rapproche un peu plus Ping-Pong de son destin.
Pourquoi
la police, depuis quelques années, est-elle devenue un sujet de
prédilection, à la télévision comme au cinéma ? Parce que c’est un
baromètre idéal pour juger de l’état de la société. Et elle ne va pas
fort, cette société, à en croire la séquence d’ouverture de ce film. Un
flic, surnommé Ping-Pong, est en train de brûler sa carte
professionnelle dans le lavabo des toilettes. « Ça fait du bien »,
lâche-t-il posément à un collègue qui s’inquiète de ce qu’il fait.
Ping-Pong est un homme au bout du rouleau et qui abdique. On le voit,
hébété, quitter le commissariat pour errer sans but dans la rue. Outre
ce Ping-Pong, rendu très attachant par Patrick d’Assumçao, le film,
choral, suit à tour de rôle et pendant vingt-quatre heures plusieurs
autres policières et policiers de ce commissariat. Une jeune recrue a
caché à ses parents son métier ; un chef consciencieux (Simon Abkarian)
se montre capable de couvrir un dérapage ; un autre manifeste des
tendances racistes… Frédéric Videau (Variété française, À moi seule)
ne juge personne. Il donne vie à chacune et chacun, faisant de ces
femmes et hommes, entre 20 et 60 ans, des personnages tragi-comiques,
pétris de contradictions, frustrés et sous tension. Des prolétaires de
la police, instrumentalisés, poussés à faire du chiffre, haïs par
beaucoup de gens. Le constat
est assez désespéré mais le regard, distancé par un humour à froid.
L’absurde, la loufoquerie s’invitent volontiers, notamment par le
télescopage entre le verlan et une langue plus soutenue. Dans le jeu
vaudevillesque autour des portes qui s’ouvrent et se ferment, le
commissariat tient d’un minithéâtre, un lieu fourmillant de confessions,
ouvert aux doléances. Et lorsque le cinéaste nous en fait sortir, c’est
plutôt le désert, le « chacun chez soi ». Et Ping-Pong ? On le
retrouve, toujours dans la rue, en train de déambuler, à la fois soulagé
et sur la corde raide. Symbole parfait d’un corps social au bord
d’exploser, ou d’imploser. Jacques Morice. Télérama.fr
A sa sortie de la Fémis, Frédéric Videau réalise un court métrage
documentaire et deux de fictions, avant de collaborer à l'écriture de
plusieurs scénarios dont celui Des épaules solides (2002), d'Un homme, un vrai (2002), de L'Amour au soleil (2003), téléfilm mis en scène par Bruno Bontzolakis et de Pas de repos pour les braves (2003). En 2001, Frédéric Videau dirige son premier long métrage documentaire Le Fils de Jean-Claude Videau, qui suit une conversation entre lui et son père. En 2003, il réalise Variété Française, une tragédie familiale, et en 2011 À moi seule, qui raconte l'histoire de Gaëlle, soudain libérée par Vincent, son ravisseur, après huit années d'enfermement.
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