Dans un village sénégalais, Collé Ardo n'accepte pas que son unique fille soit excisée, ce rite de purification qu'elle juge barbare. La nouvelle se répand dans le pays, et quatre fillettes réclament à Collé Ardo le droit d'asile, le Moolaadé. Dans le village, les tenants de la tradition et de la modernité s'affrontent. Magnifiquement filmée, une œuvre d'humanisme et de tolérance !

  • Prix Un Certain regard, Festival de Cannes 2004.

Le regard d’Ousmane Sembène n’est jamais compatissant, larmoyant ou accusateur et ne demande aucune aide. C’est justement par cette objectivité que le réalisateur incite tout un chacun à prendre en compte la réalité du quotidien des femmes africaines qui perdure, rappelons-le, encore aujourd’hui. (...) Ousmane Sembène appelle la réflexion du spectateur occidental, lequel, bien souvent, se dégage de toute prise de position en invoquant les faibles arguments d’une tradition culturelle à laquelle il ne veut prendre part. Au sortir de ce film, il est désormais impossible de se retrancher derrière le consensuel discours que l’on peut entendre quelquefois comme une excuse à l’incapacité, à la fuite des occidents devant le malheur des femmes, « laissons les Africains régler ce problème, personne ne peut lutter contre les traditions, le problème de l’excision n’est pas le nôtre… » etc. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement en Afrique que de jeunes filles sont encore conduites à cette cérémonie pendant leurs vacances au pays, c’est aussi dans les villes européennes où s’installent les immigrées que les médecins acceptent en toute illégalité d’exciser les jeunes femmes africaines. Ce film est une leçon de cinéma à lui tout seul. Il illustre avec brio que le Cinéma peut être combatif parce qu’il est aussi un moyen d’expression pouvant sortir de ses propres codes pour atteindre les consciences. Point n’est besoin d’une représentation réaliste pour montrer la cruauté. Point n’est besoin d’un discours vindicatif pour faire se lever les consciences. Difficile de se remettre de Moolaadé, d’évacuer les images d’une violence perceptive derrière celle des couleurs et des chants africains, de se dégager de l’appel à une prise de conscience que ce film véhicule. Sophie Labeille. Critikat.com

 Ousmane Sembène (1923-2007), aussi crédité Sembène Ousmane, est un romancier, acteur, réalisateur, scénariste et producteur sénégalais, pionnier du cinéma africain, formé à la réalisation de films à Moscou. Tour à tour pêcheur, maçon, mécanicien automobile, tirailleur sénégalais, docker puis responsable syndicale CGT à Marseille, il s’intéresse à la littérature africaine...une passion qui le conduira à écrire des romans à partir de 1956. En 1959, il revient au Sénégal et fait le tour du continent africain. Âgé de 40 ans, c’est au Studio Gorki à Moscou qu’il étudie le cinéma. Dès 1962, il réalise des courts métrages. En 1966, son premier long métrage distingué par le Prix Jean Vigo La noire de... le fait entrer dans la catégorie des réalisateurs politiquement et socialement engagés. Ainsi, il parlera du néocolonialisme dans Emitai et Xala, de la perte d'identité d'un peuple avec la fresque historique Ceddo, ou des relations entre catholiques et musulmans autour du cercueil du militant Guelwaar. Il réalise Le Camp de Thiaroye en 1987, dénonciation du massacre des tirailleurs sénégalais qui remporte le Prix du Jury à Venise. Dans les années 2000, avec Faat Kiné puis Mooladé, il entreprend une série consacrée à la condition des femmes africaines. Il meurt en 2007 sans avoir eu le temps de terminer son triptyque.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.