A Tbilissi, la télévision organise un concours pour élire la "Meilleure Mère de l’année". Dix mères vont alors s’affronter, attirées par cette promesse de vie meilleure…

* Grand prix du jury, Rencontres cinématographiques, Cannes, 2012.

Derrière des airs de satire divertissante, une critique acerbe du pouvoir.

Comme beaucoup de pays de l'ex-bloc soviétique, la Géorgie a vu son industrie cinématographique dépérir au début des années 1990, après la chute du Mur. Cette patrie, dont sont originaires de grands cinéastes comme Sergueï Paradjanov ou Otar Iosseliani, ne produit plus qu'un film de temps en temps, qui n'arrive pas toujours jusqu'aux salles françaises.

En voici un, en tout cas, qui vaut le détour. Réalisé par Rusudan Chkonia, ancienne pensionnaire de la Cinéfondation du Festival de Cannes et dont c'est le premier long métrage, cette comédie noire qui vire in extremis au tragique séduit par la qualité de ses cadres, tient en haleine par son récit, sa musique, ses personnages attachants, ses gags, et offre au final une photographie, certes satirique, mais sans concession, du pays qui l'a inspirée.

Keep Smiling tourne autour d'un concours organisé pour élire la meilleure mère de Géorgie. Conçu en plusieurs étapes, retransmis à la télévision, il promet à celle qui l'emportera une somme de 25 000 dollars (18 800 euros) et un appartement de quatre pièces. Autrement dit, une nouvelle vie, bien meilleure que l'actuelle. Les histoires des candidates ne se ressemblent pas, mais, à l'exception d'une bimbo, épouse d'un parlementaire sponsor du concours, elles vivent toutes dans des conditions misérables. Celle-ci loge dans une chambre d'hôpital avec son mari et ses deux enfants, cette autre dans une pièce unique avec trois petits dont elle est incapable de s'occuper, cette troisième est en passe de se faire expulser de son appartement avec toute sa famille...

La présentation des candidates pourrait être mécanique, elle ne l'est pas. La réalisatrice parvient à capter la vie qui vibre dans chacune des situations, sans jamais tomber dans le pathos. Et à obtenir de ses actrices qu'elles donnent à leurs personnages, tous hauts en couleur, une vérité saisissante.

Dépeintes sur un ton léger, de comédie, les étapes du concours sont l'occasion d'une critique au vitriol de tout ce que recouvre le culte de la mère. www.lemonde.fr

Rusudan Chkonia obtient son diplôme de réalisation en 2001. Cette année-là, elle réalise deux documentaires, Bediani, Lucky Village et Children Without a Name (son film de fin d’études), qui remportent de nombreux prix. En 2007, elle est invitée en résidence à la Cinéfondation, à Cannes. En 2012, elle écrit, réalise et produit Keep Smiling, qui reçoit à son tour maintes récompenses après sa sélection à la Mostra (section Giornati degli Autori). Elle travaille actuellement sur Venice, sélectionné pour La Fabrique des Cinémas du Monde 2015, Script East 2015 et l’Asian Project Market à Pusan.

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Ce film est interdit aux moins de 18 ans.