Grosse fatigue

Quand la célébrité devient un cauchemar pour une vedette qui, tout à coup, sans comprendre, reçoit gifles et coups de poing à la place des demandes d'autographes…

* Prix du scénario et Grand prix de la technique, Festival de Cannes 1994.

Il arrive que les choses les plus tragiques fassent rire. C'est en tout cas l'une des recettes du comique. Dans le cas de Grosse fatigue, Prix du scénario au Festival de Cannes en 1994, l'autodérision la plus psychanalytique s'ajoute à une situation à la fois rocambolesque et inconfortable : c'est bel et bien par haine de soi, pour régler ses comptes avec sa propre personne, que Michel Blanc a concocté cette intrigue dans laquelle il passe six mauvais quarts d'heure.

Prisonnier de l'image du petit Français chauve et râleur, du loser pâlichon, que le succès des Bronzés (puis des Bronzés font du ski) et de Marche à l'ombre (son premier film comme réalisateur) a imprimé dans l'inconscient collectif, déterminé à exorciser ce qu'il considère comme un cliché, un malentendu hérité de ses prestations au café-théâtre, Michel Blanc s'invente ici un double afin de mettre les choses au point : il y a, suggère-t-il, deux Michel Blanc, un vrai et un faux, celui qu'il assume et celui qu'il déteste. Le vrai est, au demeurant, doté de traits de caractère réellement phobiques : hypocondrie, haine du Lubéron...

Variation assez caustique sur le thème de l'imposteur, Grosse fatigue montre comment la réputation de Michel Blanc est mise à mal par un sosie qui sape sa réputation, se rend coupable de viol sur Josiane Balasko. Ses films suivants (Mauvaise passe, Embrassez qui vous voudrez) prouveront que la question de l'identité le préoccupe toujours. Jean-Luc Douin, Lemonde.fr, 2010

Michel Blanc est un acteur de théâtre et de cinéma, réalisateur et scénariste français né en 1952. C’est avec le collectif du Splendid, fondé avec ses camarades de lycée Christian Clavier, Gérard Jugnot et Thierry Lhermite, que Michel Blanc se fait connaître du grand public. Après le succès des comédies Les Bronzés et Le Père Noël est une ordure, l’acteur élargit son répertoire et investit des personnages plus sombres, à l’image de Monsieur Hire réalisé en 1989 par Patrice Leconte. S’ensuivent des projets variés pour ce comédien aux multiples facettes qui passe tour à tour sous la direction d’André Téchiné, d’Isabelle Mergault ou encore de Bertrand Blier. Également réalisateur, il a signé cinq films : Marche à l'ombre (1984), Grosse fatigue (1994), Mauvaise passe (1999), Embrassez qui vous voudrez (2002) et Voyez comme on danse (2018).
Au festival de Cannes, Michel Blanc a reçu le Prix d’interprétation masculine pour Tenue de soirée en 1986 et le Prix du scénario pour Grosse fatigue en 1994. Il a obtenu le César du meilleur second rôle masculin pour son rôle de chef de cabinet dans L’Exercice de l’Etat en 2012. En 2021, un César anniversaire est décerné à la troupe du Splendid : Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot.

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