Un cinéaste, chargé de réaliser pour Arte un téléfilm de la série « Masculin-féminin », envisage de traiter le thème de la parité. Trois semaines avant le tournage, sa femme, actrice, mère de ses deux enfants, lui apprend qu'elle a « rencontré quelqu'un ». Sous le coup de cet éboulement majeur dans sa vie privée, le cinéaste ne sait plus penser à autre chose : le film en gestation part dans une direction imprévue...

Ce résumé vaut si vous manquez le début, mais également si vous n'épluchez pas les brèves de Voici. Car La Chose publique télescope l'intime et sa représentation, le réel et la fiction, et carbure à la mise en abyme. Exemple : c'est bel et bien un téléfilm de la collection « Masculin-féminin » d'Arte (diffusé le 2 septembre dernier). Depuis son premier long métrage, Mange ta soupe, Mathieu Amalric aime jouer au chat et à la souris avec sa biographie. Le cinéaste s'appelle Philippe Roberts, et la femme qui le quitte, Julia. Jamais ce prénom glamour et le nom Roberts ne sont accolés par le dialogue, mais ils sont là : détail aberrant, brouillage mégalo-potache, fantaisie en creux qui résument le ton de ce drôle de film à vif. L'autofiction, quand elle réussit, est décidément cette alchimie qui convertit les secrets en choses publiques et la douleur en énergie. Au chaos intime du protagoniste répond l'entrechoquement furieux des genres, entre les scènes conjugales Philippe-Julia, celles du Lit national, commandé par Arte, joué par Michèle Laroque et Bernard Menez, et celles qui montrent la préparation et le tournage. A la lumière des déboires privés, « parité » prend un tout autre sens. Plus Philippe boit la tasse, plus le projet d'origine, fable politique style « le maire, la coiffeuse et les élections », prend l'eau, jusque sur le plateau. Le cafouillage général est d'autant plus drôle et troublant qu'on ne sait plus guère si Laroque et Menez (dans leurs propres rôles d'acteurs) sont les otages stoïques ou les complices de cette entreprise chahutée. Et d'ailleurs laquelle ? Le Lit national ou La Chose publique ?
Pour raffiner encore le jeu de pistes, même les tête-à-tête entre Philippe et Julia sont donnés comme du cinéma, captés à la petite caméra DV : parfois ça coupe, et ils recommencent... Où êtes-vous, monsieur le réel, madame la vérité ? C'est là qu'il faut parler des acteurs principaux. Jean-Quentin Châtelain, vu jusqu'ici davantage au théâtre qu'à l'écran, endosse sans heurt le rôle pourtant délicat de Philippe. Il crée un double massif de Mathieu Amalric, une sorte de chêne déraciné par la tempête, idéalement pathétique. En face, Anne Alvaro (Julia) est plutôt roseau, émotive mais implacable, haute et fière silhouette. Elle a peu de scènes pour imposer sa séduction, mais elle irradie le dernier et plus beau mouvement du film, quand il n'y a plus de place à l'écran que pour elle et lui, à l'heure de l'inventaire. On entend alors une chanson de Rodolphe Burger au titre prometteur, Unlimited marriage. Mais ce pourrait aussi bien être le standard requiem de Joe Dassin, Salut les amoureux ! Télérama

Mathieu Amalric est un acteur et réalisateur français né en 1965. Après s'être essayé aux classes préparatoires littéraires, Mathieu Amalric se lance dans le cinéma, où il débute en tant qu’accessoiriste et cantinier. Le cinéaste Otar Iosseliani, lui propose en 1984 de jouer la comédie dans son nouveau film, Les favoris de la lune. Il continue de travailler sur les plateaux de cinéma et décroche en 1987, le poste d’assistant réalisateur sur le film Au revoir les enfants de Louis Malle. Comme comédien, après des petits rôles, il accède à la notoriété grâce au film Le journal d’un séducteur de Danièle Dubroux. En 1997, il réalise son premier long métrage, la comédie, Mange ta soupe . Comme réalisateur, la consécration arrive avec le film burlesque, Tournée, récompensé au festival de Cannes par le Prix de la mise en scène en 2010. Il mène de front sa carrière d’acteur et de réalisateur. Grâce à Jimmy P, il continue sa collaboration avec Arnaud Desplechin qui lui a permis de recevoir le César du meilleur espoir masculin en 1997 pour Comment je me suis disputé … puis celui du meilleur acteur en 2005 pour Rois et Reine. En 2017, Barbara remporte de nombreuses récompenses dont Le prix Louis Delluc et le prix Jean Vigo.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.