Fantaisie historique. Certaines ressemblances sont troublantes. Ainsi celles de ce vicomte guillotiné, pipe au bec, pendant la Terreur, d’un aumônier militaire au torse tatoué comme un truand et baptisant à la chaîne des militaires, pilleurs et violeurs, avec un clochard parisien réduit à l’état de planche par un rouleau compresseur, et finalement d’un concierge lettré d’un gros immeuble, mais aussi trafiquant d’armes. Presque tous les personnages du film se croisent dans cet immeuble, sauf bien sûr les sans-abri que les flics transbahutent d’un lieu à l’autre sans ménagement. Et pourtant, au milieu de tout ce chaos, il y a des espaces de rêve, des histoires d’amour, de solides amitiés qui peut-être nous permettent d’espérer que demain sera mieux qu’aujourd’hui.

Chant d'hiver est le titre d'une vieille chanson géorgienne qui dit : "C'est l'hiver, ça va mal, les fleurs sont fanées, mais rien ne nous empêchera de chanter". Or c'est bien un chant qu'Otar Iosseliani propose avec ce film choral, articulé en saynètes, séparées par de tendres moments musicaux tenant lieu de refrains. Tels des notes, objets et personnages relient, avec une fluidité virtuose, des séquences ou des époques différentes, un même comédien interprétant plusieurs rôles, suggérant ainsi que nous avons tous eu, dans notre ascendance, un ancêtre martyr, salaud, banal ou héroïque, et qui a laissé des traces dans notre existence présente. L'annuel du cinéma, 2016.

Après des études de piano à Tbilissi en Géorgie, sa ville natale, puis de mathématiques et de mécanique à Moscou, Otar Iosseliani s'oriente vers la mise en scène avec Aquarelle, son premier film, qu'il réalise en 1958. Installé en France, il enchaîne les prix les plus prestigieux du cinéma mondial avec trois Prix spéciaux du jury à la Mostra de Venise (Les Favoris de la lune, Et la lumière fut, Brigands, chapitre VII), un prix Louis-Delluc (Adieu, plancher des vaches !) et un Ours d'argent à Berlin (Lundi matin). Esprit libre, tour à tour musicien, pêcheur, ouvrier métallurgiste et réalisateur, ses films qu'il décrit comme simples, honnêtes et têtus, « optimistes sans oublier que tout finira mal » constituent une œuvre étrangement poétique, délicatement burlesque et ironique, nourrie chez René Clair, Buster Keaton et Jacques Tati.(...)

Lire la suite sur le site de la Cinémathèque Française, portrait effectué à l'occasion de la rétrospective consacrée à Otar Iossieliani en 2019.

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Ce film est interdit aux moins de 12 ans.