Dans la haute bourgeoisie dijonnaise, Jeanne Tournier s'ennuie. Son époux, patron de presse régionale, la néglige. La jeune femme cherche la distraction à Paris auprès de son amie Maggy et d'un fringant joueur de polo. Soupçonneux, Henri Tournier tend un piège à Jeanne en lui demandant d'inviter chez eux ses amis parisiens. En route pour Dijon, elle tombe en panne et rencontre un mystérieux jeune homme qui la ramène chez elle.

* Prix Spécial du jury à la Mostra de Venise, 1958.

(...) Le film n'est pas sans défaut, en premier lieu le jeu de Jean-Marc-Bory. L'amant romantique lunaire s'avère plutôt quelconque sous ses traits, et Louis Malle a la main lourde dans les dialogues poético-romantiques où l'on sent l'inspiration du fantastique français à la manière des Visiteurs du soir (Bory semblant avoir voulu reprendre le timbre chevrotant d'Alain Cuny d'ailleurs) ou de L'Eternel retour, mais dont la niaiserie s'estompait du fait que des grands acteurs déclamaient les tirades de cet amour courtois. Pourtant ce long aparté nocturne est un sommet de romantisme flamboyant, car l'enjeu n'est pas l'union du couple mais l'épanouissement enfin éveillé de Jeanne. La séquence alterne entre des tableaux somptueux (magnifique photo impressionniste d’Henri Decaë) où le couple se fond dans cette nature féérique et des plans du visage de Jeanne Moreau. Malle capture d'abord la flamme de l'amour dans son regard quand elle s'abandonne aux bras de Bernard, celle du bonheur d'un homme enfin aimant et ardent, et enfin l'étincelle du désir dans des scènes charnelles audacieuses qui attirèrent les foudres de la censure - tout en faisant son succès par cet attrait de l'interdit (...) Justin Kwedi, dvdclassik.com, 2016.

Louis Malle (1932-1995) est un réalisateur, scénariste, dialoguiste, directeur de la photographie et producteur français. Après avoir suivi des études commerciales et des cours de sciences politiques, il intègre l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Avant la fin de la deuxième année, il devient l'assistant du commandant Cousteau à bord de la Calypso et coréalise Le Monde du silence en 1955, film qui obtient la Palme d'or au Festival de Cannes. Un an plus tard, il assiste Robert Bresson sur le tournage de Un condamné à mort s'est échappé. Pour répondre aux besoins de ce film, il fonde la Société Nouvelle des Editions de Films (NEF) qui détient une part dans la coproduction et lui permet de produire son premier long métrage, Ascenseur pour l'échafaud (1958). Louis Malle fait à nouveau appel à Jeanne Moreau dans Les amants (1958), et poursuit une riche carrière de réalisateur en France et aux Etats-Unis en réalisant plus d'une trentaine de films dont Zazie dans le métro (1960), Lacombe Lucien (1974), Atlantic city (1980), Au revoir les enfants (1987) et Milou en mai (1990).

Lire la présentation de l'oeuvre de Louis Malle par Bernard Payen sur le site de la Cinémathèque française.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.