CHRONIQUES HISTORIQUES, POLITIQUES ET SOCIALES
La belle endormie (Bella addormentata - VOstf)
Le 23 novembre 2008, l'Italie se déchire autour du sort d'Eluana Englaro, une jeune femme plongée dans le coma depuis dix-sept ans. La justice italienne vient d'autoriser Beppino Englaro, son père, à interrompre l'alimentation artificielle maintenant sa fille en vie. Dans ce tourbillon politique et médiatique, les sensibilités s'enflamment, les croyances et les idéologies s'affrontent. Maria, une militante du Mouvement pour la Vie, manifeste devant la clinique dans laquelle est hospitalisée Eluana, alors qu'à Rome, son père sénateur hésite à voter le projet de loi s'opposant à cette décision de justice. Ailleurs, une célèbre actrice croit inlassablement au réveil de sa fille, plongée elle aussi depuis des années dans un coma irréversible. Enfin, Rossa veut mettre fin à ses jours, mais un jeune médecin plein d'espoir va s'y opposer de toutes ses forces…
Un pur mélo, tiré d'une histoire vraie, porté par une mise en scène rigoureuse et sensible.
Le cinéma de Marco Bellocchio est rarement pris en défaut de
faiblesse, de frilosité. Après Vincere, portrait de Mussolini, et
surtout de sa femme, c'est encore de l'Italie qu'il s'agit,
contemporaine celle-là. Un pays en crise, bloqué et qui se déchire
autour du sort d'Eluana Englaro. Souvenez-vous : en 2008, le père de
cette jeune femme plongée dans le coma avait demandé l'euthanasie par
voie judiciaire, provoquant un vif débat national, instrumentalisé par
Berlusconi. Autour de cette affaire, Bellocchio a imaginé quatre
histoires, racontées en alternance. A chaque fois émergent des
interrogations qui dépassent la controverse autour de l'euthanasie. Quel
est notre rapport à la souffrance de l'autre ? A la servitude
volontaire ? Quel est le lien entre liberté et amour, morale chrétienne
et morale tout court ? Autant de questions que Bellocchio traite avec
une liberté et une fluidité étonnantes. En faisant toujours en sorte que
la métaphore — voire la fantasmagorie — prenne le pas sur les dogmes,
politiques et religieux. L'engagement sans calcul, c'est ce que le film célèbre, au-delà des
clivages idéologiques. Un élan qui permette de sortir du coma,
d'échapper à l'atonie. Cette flamme, le film la porte en lui. Les
échanges sont clairvoyants, les visages des femmes — Alba Rohrwacher et
Maya Sansa —, frémissants. Même dans la rébellion ou la rupture, le
cinéaste choisit toujours le camp de la beauté et de la vitalité, de
l'harmonie roborative. Tout en sachant que la maladie, la folie, la mort
menacent toujours, se confondent même avec la vie. Jacques Morice. Télérama.fr
Né à Bobbio dans le nord de l’Italie à la veille de la Seconde Guerre
mondiale, Marco Bellocchio étudie à l’Académie d’art dramatique de
Milan et au célèbre Centre expérimental du cinéma de Rome. Dès 1965, il
réalise son premier long métrage Les Poings dans les poches (I pugni in
tasca, 1965), manifeste d’une jeunesse en révolte tourné dans la maison
familiale et joué par des ami·e·s d’école, qui amorce une œuvre rageuse
et lyrique et sera aussitôt remarqué par la critique – y voyant une
réponse italienne à la Nouvelle Vague. Cinéaste politique et engagé, antifasciste, Bellocchio n’a eu de
cesse de questionner la violence des institutions, notamment la Famille
avec son premier film ou La Chine est proche (1967),
l’Eglise avec Au nom du père (1971) ou Le Sourire de
ma mère (2002), l’Armée
avec La Marche triomphale (1976) ou la Santé avec son
film documentaire Fous à délier (1974, co-réalisé avec
Silvano Agosti, Sandro Petraglia et Stefano Rulli), tourné à l’hôpital
psychiatrique de Colorno (Parme), et influencé par l’approche
anti-asilaire prônée par le psychiatre Franco Basaglia. Explorant
l’histoire italienne – par exemple avec Buongiorno, notte, 2003, sur
l’enlèvement du politicien Aldo Moro par des militants des Brigades
rouges ou Vincere, 2009 qui relate l’histoire de la maîtresse cachée de
Mussolini – Bellocchio parvient de façon inédite et remarquable à
entrelacer les archives télévisuelles ou cinématographiques au
romanesque. www.visionsdureel.ch
Ici pour lire la suite de la biographie de Marco Bellochio, sur le site du Festival Visions du Réel.
Retrouvez Ici d'autres films réalisés par Marco Bellochio disponibles en DVD dans les médiathèques.
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