Juin 1944, les alliés ont débarqué. Dans le sud-ouest, un jeune paysan tente en vain d'entrer dans la Résistance puis, à la suite d'un concours de circonstances, échoue dans un groupe de Français qui collabore avec la Gestapo. Un film ambigu, plein de zones d'ombre, sur l'itinéraire d'un jeune fasciste, qui souleva lors de sa sortie de nombreuses polémiques.

* Prix Méliès, 1974.

* BAFTA du meilleur film, 1975.

Lacombe Lucien pose le problème de l'engagement et montre que celui-ci n'est pas forcément motivé par un choix idéologique. Lucien entre dans la collaboration comme il aurait pu entrer dans la Résistance, avec la même absence de conviction, seule l'anime la recherche d'une cellule d'adoption. Guide des films Jean Tulard, 2005.

La sortie du film, en 1974, a été mouvementée. Il a d’abord été accueilli par une très bonne critique du Monde, mais très vite, une polémique s’est installée, et Louis Malle raconte que ce même journal, qui avait qualifié le film de chef-d’œuvre à sa sortie, évoquait quatre jours plus tard sa dangerosité (Conversations avec Louis Malle). La gêne ressentie était morale et politique. La réaction morale peut se lire notamment dans un article de Jean Delmas (Jeune Cinéma, mars 1977), lequel semble profondément choqué par l’ignominie du personnage principal, qu’il qualifie de « salaud », de « pauvre type », ou encore de « con ». La réaction de rejet de Delmas à l’égard du personnage est tellement viscérale qu’il va jusqu’à critiquer moralement le film même, en dénonçant sa complaisance à l’égard de Lucien. Sans doute ce déplacement est-il erroné, car le film ne justifie jamais son personnage. Mais on peut comprendre la réaction de Delmas comme une conséquence de la « brutalité descriptive » du film (voir « La démarche : L’impression de vérité ») : brutalement confronté au personnage, abandonné face à la description de ce parcours ignoble, le spectateur peut-être amené à rejeter le film dans son ensemble. Quant à la réaction politique au film (qui a partie liée à ce rejet moral), Louis Malle estime qu’elle a pour origine la remise en question de l’histoire « officielle », posée dès l’après-guerre, d’une France dressée d’un seul tenant face à l’occupant nazi. Pour Louis Malle, le film contrevenait autant au mythe gaulliste qu’il dérangeait les communistes, pour lesquels « il était inconcevable qu’un membre de la classe ouvrière ait collaboré » (Conversations avec Louis Malle). 
De fait, la polémique suscitée par le film accuse son originalité dans un paysage cinématographique globalement marqué par ce que Jacques Siclier nomme le « mythe d’une France presque unanimement résistante ».

Lire la suite sur le site de Canopé (ex "Centre national de documentation pédagogique").

Louis Malle (1932-1995) est un réalisateur, scénariste, dialoguiste, directeur de la photographie et producteur français. Après avoir suivi des études commerciales et des cours de sciences politiques, il intègre l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Avant la fin de la deuxième année, il devient l'assistant du commandant Cousteau à bord de la Calypso et coréalise Le Monde du silence en 1955, film qui obtient la Palme d'or au Festival de Cannes. Un an plus tard, il assiste Robert Bresson sur le tournage de Un condamné à mort s'est échappé. Pour répondre aux besoins de ce film, il fonde la Société Nouvelle des Editions de Films (NEF) qui détient une part dans la coproduction et lui permet de produire son premier long métrage, Ascenseur pour l'échafaud (1958). Louis Malle fait à nouveau appel à Jeanne Moreau dans Les amants (1958), et poursuit une riche carrière de réalisateur en France et aux Etat-Unis en réalisant plus d'une trentaine de films dont Lacombe Lucien (1974), Atlantic city (1980), Au revoir les enfants (1987) et Milou en mai (1990).

Lire la présentation de l'oeuvre de Louis Malle par Bernard Payen sur le site de la Cinémathèque française.

> Retrouvez ici les films de Louis Malle disponibles en DVD dans les médiathèques.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.