Jakob est capitaine au long cours. Un jour, il fait un pari avec un ami dans un café : il épousera la première femme qui en franchira le seuil. C’est alors qu’entre Lizzy...

Une fresque brillante et passionnée sur les ravages de la jalousie et la solitude au sein du couple. Ildikó Enyedi réussit un tour de force dans cette œuvre dense et profonde.

L’histoire de ma femme est issu d’un roman. Le long-métrage est élaboré comme une véritable œuvre littéraire. Le scénario s’attache à des dialogues très bien écrits qui prennent le temps de décrire les deux héros enfermés dans leurs propres logiques et en incapacité de se rassurer l’un l’autre. Il y a dans la façon d’appréhender l’univers de ces deux êtres qui s’aiment, autant qu’ils mettent à l’épreuve l’intensité de leur union, quelque chose qui rappelle les grands romans du dix-neuvième siècle. La longueur du film laisse le temps de mettre en lumière la complexité des deux personnages, sans jamais succomber à la caricature ou au maniérisme. Toutefois, Ildikó Enyedi refuse la surenchère romantique en choisissant une mise en scène dépouillée, quasi entomologique, où elle découpe au scalpel psychologique les mystères de la personnalité de ces deux amoureux.

La musique, souvent très belle, l’usage du travelling, le travail sur les prises de vue donnent au récit une étoffe particulièrement sensible et dense. La réalisatrice met en scène son film à la façon d’un ouvrage. Les décors, les paysages marins, les costumes témoignent d’un travail particulièrement minutieux dans la réalisation. (...) Les presque trois heures de film peuvent d’emblée rebuter le spectateur. En réalité, grâce à cette architecture narrative bâtie sur sept chapitres de longueur équilibrée, on se laisse emporter par le souffle romanesque du film. Le spectateur est littéralement plongé dans l’univers des Années folles qui a suivi la Première Guerre mondiale, où l’on mesure l’esprit de liberté et de joie qui régnait sur les villes. L’histoire de ma femme est peut-être l’une des œuvres les plus abouties et importantes présentées à Cannes, cette année. Avoir-alire.com

Grande figure du cinéma hongrois contemporain, Ildikó Enyedi a toujours cherché à penser le cinéma et questionner sa pratique. Dès le début de sa carrière à la fin des années 1970, elle intègre les cercles d’art contemporain et conceptuel. En 1984, Ildikó Enyedi réalise ses premiers courts métrages. Elle pose alors les jalons de son œuvre à venir : les frontières entre le rêve et la réalité et la porosité entre le cinéma et le monde réel.  Sa carrière de cinéaste de long métrage débute avec succès au Festival de Cannes en 1989 où Mon XXe siècle, sélectionné au Certain Regard, remporte la Caméra d’or. Ses projets suivants, que ce soient des longs, des courts ou une série – Ildikó Enyedi a réalisé l’adaptation hongroise de BeTipul de 2012 à 2017 (Terápia) –, qu’ils représentent des histoires d’amours (Tamas et Juli, First Love) ou des intrigues policières (The Magic Hunter, Simon Le Mage), viennent tous creuser le sillon des sentiments comme médiums entre le visible et l’invisible, entre le palpable et l’impalpable. Ainsi, son esthétique très travaillée au service de scénarios intimes fait le sel de sa filmographie si singulière : Corps et Âmes, Ours d’or à la Berlinale 2017, L’Histoire de ma femme, en compétition lors du Festival de Cannes 2021.

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Ce film est interdit aux moins de 16 ans.