Un premier film initiatique et subtil. Enfant de l'élite bourgeoise de Rio de Janeiro, Jean a dix-sept ans. Tandis que ses parents luttent pour cacher leur banqueroute, il prend peu à peu conscience des contradictions qui rongent sa ville et sa famille. Une chronique à la fois intimiste et sociale doublée d'une belle étude de mœurs.

Un premier long-métrage prometteur du jeune réalisateur brésilien Fellipe Barbosa. Un film langoureux sur une certaine jeunesse brésilienne qui frappe par sa justesse et sa lucidité.

La famille de Jean vit dans une résidence privilégiée de Rio de Janeiro, et leur maison est bien la Casa Grande du titre. Éteindre les lumières de chaque pièce, avant d’aller se coucher, est un rituel qui dure de longues minutes. Le faste de cette maison cache la situation financière de plus en plus compliquée de la famille : le père s’efforce de minimiser auprès de sa femme et de ne rien dire aux enfants, mais il est acculé de dettes.

Évoquée par touches tout au long du film, cette contradiction fait office de drame principal, mais elle n’est qu’un thème superficiel. (...) Jean ignore toutes ces considérations économiques. Ses préoccupations sont celles d’un adolescent normal : le lycée, ses amis, choper en boîte, coucher avec une fille, tomber amoureux... Quand son professeur de lycée rappelle à la classe que cette année est décisive pour la poursuite de leur étude, et de leur carrière, un cut soudain nous montre en gros plan Jean embrassant fougueusement sa petite amie Luiza, dans le bus les ramenant chez eux… Le film est avant tout une chronique sur l’adolescence. Fellipe Barbosa se concentre sur les relations entre les personnages. De ce point de vue, le film déjoue remarquablement nos attentes : les rapports humains filmés sont toujours entiers, jamais déformés par un facteur social ou économique. Les domestiques entretiennent une relation sincère avec les membres de cette famille. De la même façon, Jean a beau avoir une « tête de riche » comme lui dit le composteur dans le bus, il n’est pas pour autant embêté quand il déambule dans une favela pour retrouver son ancien chauffeur. La menace du conflit social plane tout au long du film, mais il ne s’agit jamais que de fausses alertes (...). C’est une belle preuve de lucidité de la part de ce jeune cinéaste, qui sait que ce qu’il a de meilleur à offrir n’est pas un récit trop indécis, mais un regard juste et subtil sur les rapports humains. Julien Zimmer. www.avoir-alire.com


Cinéaste brésilien né en 1980 à Rio de Janeiro, Fellipe Barbosa est francophone et grandit à l'abri d'une misère toute proche dans le Brésil ruiné par une dictature militaire qui a abdiqué quand il avait cinq ans, en 1985. En 1998, au terme d'une scolarité passée dans l'élitiste lycée Saint Benoît, il s'inscrit, par conformisme familial, à l'Institut d'économie de la prestigieuse Université fédérale avant de poursuivre, par goût, des études de cinéma à l'Université de Columbia, à New York. Il est embauché en 2004 comme assistant réalisateur pour le film Rêves de poissons, qui est sélectionné en 2006 à Cannes. Il travaille comme monteur, pour une demi douzaine de courts métrages, voire comme cadreur. En 2008, âgé de vingt huit ans, il est admis à l'Institut Sundance, où il conçoit, scénario et réalisation, un premier long métrage, Casa Grande.  En 2017, l'enquête cinématographique menée sur les traces d'un ami disparu en 2009 au cours d'une étude sur l'Afrique postcoloniale et jouée par les propres témoins de cette disparition, parait sous le titre Gabriel et la montagne.

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