CINÉMA FRANÇAIS ANNÉES 40 ET 50
Du rififi chez les hommes
Tony le Stéphanois, gangster usé, ruiné et fatigué, se
lance dans un dernier gros coup. Aidé de trois complices, truands au
code d’honneur strict (pas d’armes, pas de sang, pas de trahison), il
monte le braquage audacieux d’une joaillerie en plein cœur de Paris.
Trahie par une ancienne maîtresse de Tony, la bande doit alors mener de
front le cambriolage et un duel meurtrier avec le gang rival des
Grutter.
* Meilleur réalisateur, Festival International du Film de Cannes,1955.
Le renouveau du polar psychologique à la française… Un classique du genre !
65 ans plus tard, le film emporte tout sur son passage (...) et une fois le générique de fin déroulé, hante les
esprits avec une rare prégnance. Sûrement parce que l’on retrouvera plus
tard de l’ADN certifié Rififi chez Melville (Le Doulos, Bob le Flambeur), Tarantino (Reservoir Dogs),
John Woo, Ringo Lam, Michael Mann, David Mamet, tous ces cinéastes qui
se seront frottés au film de cambriolage dans leur carrière. Avec comme
phare, Du Rififi chez les hommes. (...) si le film est encore aujourd’hui aussi marquant, c’est surtout pour son
incroyable séquence de cambriolage, référence en la matière et
mètre-étalon du genre. Véritable tour de force cinématographique, cette demi-heure tout
bonnement géniale révèle un cinéaste maître de ses effets à l’extrême,
jouant sur les nerfs du spectateur à la manière du meilleur Hitchcock et
s’autorisant quelques effets d’une audace folle. Pendant 35 minutes
éblouissantes, Dassin va ainsi supprimer tout dialogue, effacer toute
trace de musique et retourner avec délectation aux sources du cinéma,
quand il était encore muet et que les seules armes d’un cinéaste étaient
un cadre, ses acteurs et le montage. Pari gagné : la séquence est
inoubliable, inégalable et inégalée. A noter également l’extraordinaire travail d’Alexandre Trauner sur les décors, la
très belle partition musicale de George Auric, la gouaille toute
parisienne des dialogues ou encore la première apparition, assez
convaincante, d’un jeune Robert Hossein. (...) Dans une
dernière séquence de toute beauté, la caméra et les ciseaux de Dassin,
libres comme l’air, s’autorisent quelques embardées folles dans les rues
de Paris qui n’auront rien à envier au Godard d’A Bout de Souffle… Et ce en 1955 ! Lire ici la suite de la critique sur DvdClassik.
Fils d'une famille d'immigrants russes, le jeune Jules Dassin passe son enfance à Harlem entouré de ses sept frères et soeurs. Après une mise en scène à Broadway, il s'attire la sympathie d'Hollywood
et entre à la RKO pour un stage avant d'assister Alfred Hitchcock et
Garson Kanin. Formé à l’œil de la caméra, il réalise son premier court
métrage, une adaptation de la nouvelle d'Edgar Allan Poe, Le Coeur révélateur. Le succès de cette première mise en scène lui vaut de signer à la MGM. Une brillante carrière semble s'ouvrir à Hollywood pour Jules Dassin.
Après quelques réalisations inégales pour la MGM, le réalisateur rompt
son contrat et entre à Universal. Son premier film Les Démons de la liberté,
co-réalisé avec Mark Hellinger traite de façon brutale de la vie de
prisonniers confrontés à leurs geôliers. Toujours, sans complaisance,
Jules Dassin met en lumière la réalité des rues de New-York dans La Cité sans voiles
(1948). Suite à des coupures au montage des producteurs, il quitte
Universal pour la Fox où il met en scène, toujours avec ce même
réalisme, Les Bas-fonds de Frisco (1949). En 1950, visé depuis déjà trois ans par les maccarthystes,
présents au " Comité du cinéma pour la préservation des idéaux
américains ", la Fox renonce à produire un de ses projets. Jules Dassin quitte
alors les États-Unis pour le climat meilleur de l'Angleterre où il
tourne Les Forbans de la nuit (1950). Toujours dans sa quête de
réalisme, il s'introduit cette fois dans les bas-fonds de Londres. Mais
déjà, le maccarthysme a traversé l'Atlantique et une fois encore Jules
Dassin doit immigrer. Il choisit la France et réalise Du Rififi chez les hommes (1954), une étonnante plongée dans le Paris de la nuit. En 1960, Jules Dassin connaît un succès international avec Jamais le dimanche où il met en scène son épouse Mélina Mercouri.
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