LA VIE MÊME
Noces
Zahira, Belgo-pakistanaise de dix-huit ans, est très proche de chacun des membres de sa famille jusqu’au jour où on lui impose un mariage traditionnel. Ecartelée entre les exigences de ses parents, son mode de vie occidental et ses aspirations de liberté, la jeune fille compte sur l’aide de son grand frère et confident, Amir.
* Prix de la
Meilleure actrice pour Lina El Arabi et Prix du Meilleur acteur pour
Sébastien Houbani, Festival du Film Francophone d’Angoulême,
2016.
* Prix du Public et
Prix des Lycéens, Arte Mare, Festival du Film Méditerranée de
Bastia, 2016.
* Prix du jury
étudiant, Festival international du Film d'Histoire, Pessac, 2016.
«Il n'y a que toi qui résiste», lui reproche son frère. «Bien sûr que je résiste !» rétorque
Zahira. Quand on a 18 ans, qu'on est une lycéenne belge, qu'on sort en
boîte, qu'on couche avec son mec, se marier avec un inconnu à l'autre
bout du monde est une idée saugrenue. Protégée par la bonté de
ses parents immigrés du Pakistan et l'amitié de son frère, Amir, la
jeune fille se sent forte et libre. «La tradition, c'est bien pratique quand on veut dire non»,
explique-t-elle, bravache, à un blond garçon pour refuser son
invitation en week-end. Mais la tradition apprécie peu qu'on se joue
d'elle.
Le réalisateur Stephan Streker, par ailleurs journaliste
sportif, démonte avec précision et délicatesse le mécanisme du mariage
arrangé. Une pratique patriarcale, dopée à l'Internet, qui permet
d'organiser une parodie de cérémonie par webcam interposée. Sous nos
yeux se met en place un engrenage infernal, huilé à la solidarité
familiale et au chantage affectif. Ce couple sympathique
s'obstine à justifier sa décision anachronique par le «qu'en dira-t-on
au village». Comme souvent, les femmes sont tour à tour victimes et
manipulatrices, plus que complices dans le contrôle imposé sur le corps
des autres, qu'il s'agisse d'avortement ou de mariage. «Evidemment que c'est injuste, on est des femmes, qu'est-ce que tu crois ?» balance la grande soeur à sa cadette rebelle pour la faire revenir à la maison. Zahira se cherche, s'amuse même, persuadée que tout cela ne peut pas
être vraiment sérieux. La débutante Lina El Arabi est parfaite en
adolescente empêtrée dans ses racines, qui à la fois la portent et
l'étouffent. Mais on comprend aussi le désespoir du père (incarné par
Babak Karimi, le juge dans Une séparation, d'Asghar Farhadi), épicier dévoué et intégré, écartelé entre les pleurs de sa femme et l'amour pour ses enfants. La force de Noces est de respecter le ressenti de tous, sans juger ni condamner. On en sort profondément troublé. Laurence Defranoux, Libération, 2017
Stephan
Streker est un réalisateur et scénariste belge né en 1964. Noces est son 3ème long métrage, après Michael Blanco (2004) et Le Monde nous
appartient (2014). L'ennemi, avec
Jérémie Renier,
Alma Jodorowsky et Emmanuelle Bercot, sortira au cinéma en 2022. Outre son activité de cinéaste, Stephan Streker exerce pour
la télévision le métier de consultant football et journaliste sportif.
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