Le soir du 31 décembre, Camille tout juste séparée de son compagnon Eric, est renvoyée dans son passé! Elle a de nouveau seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence… et Eric !

Drôle, parfois hilarante, souvent émouvante, jamais ridicule, une comédie inventive et nostalgique qui vise juste.

Quelle ironie de voir débarquer ce film au moment où les ados reprennent le chemin du bahut en traînant les baskets ! Car pour Camille, le retour au lycée tient résolument du merveilleux. D’abord, c’est surnaturel : elle a 40 ans bien sonnés. Ensuite, c’est une aubaine : elle redevient lycéenne avec tout son savoir de femme adulte, de sorte qu’elle peut profiter de choses qui lui semblaient jadis banales, ou pire. Pour ceux que l’expérience tenterait, comment se retrouve-t-on, con­crètement, au milieu de ses copains de lycée, quand on a l’âge d’être leurs parents ? C’est simple, il suffit de se sentir expulsé de se sa propre vie. Comédienne en galère, cantonnée aux panouilles et encore, Camille ressent comme une mutilation le départ de son homme, Eric, rencontré vingt-cinq ans plus tôt. Elle noie sa colère et son chagrin dans l’alcool. Jusqu’à s’évanouir un 31 décembre à minuit. Et se réveiller dans sa peau d’adolescente, l’année de ses 16 ans.

C’est Noémie Lvovsky, la réalisatrice, qui joue ce personnage, aussi bien au présent qu’en visite dans le passé, où les autres la voient comme une toute jeune fille. Pas d’effets spéciaux à la Benjamin Button : la différence physique se limite au maquillage et à la longueur des cheveux. Ce corps bien peu adolescent est évidemment source de burlesque — a fortiori revêtu de la panoplie girlie des années 1980, genre Cindy Lauper. Mais il rappelle surtout le degré supérieur de conscience de Camille : elle sait tout des vingt-cinq années suivantes, qui va se marier, tomber malade, mourir…Certains auront reconnu, dans ses moindres détails, le principe de Peggy Sue s’est mariée, de Francis Ford Coppola : Camille redouble en est une sorte de remake, avec ceci de piquant que l’époque de la maturité désenchantée de Peggy (1987) correspond au paradis de jouvence de Camille. En vérité, les deux films sont animés par des forces très différentes. Coppola démystifiait le temps d’avant. Lvovsky est plus émouvante, plus romantique : elle assume jusqu’au bout l’idéalisation du passé. Il y a une magie proustienne dans les retrouvailles avec les parents, les copines, la chambre d’ado tapissée de photos d’acteurs, cette impression de Camille de rentrer à la maison, même quand elle prend place dans une salle de classe.

Se recueillir ou agir, notre héroïne hésite. Face au miracle de la présence physique de sa mère (Yolande Moreau), dont elle sait la mort imminente, elle s’empresse d’enregistrer cette voix si douce, pour en garder, cette fois, la trace. En amour, la tentation d’interférer dans le cours des choses est la plus forte, à la lumière d’un avenir déjà connu. Quand Camille croise, au lycée, Eric, son futur mari et futur-ex, elle cherche avec véhémence à résister au coup de foudre, à faire payer à l’innocent (Samir Guesmi) sa trahison à venir. Et elle met un point d’honneur à s’amuser avec d’autres. Une scène hilarante la jette dans un lit avec un condisciple d’abord émoustillé par ses avances sexuelles en plein cours de sport, puis complètement paniqué par son expertise pratique…Est-ce que Camille saura tout recommencer sur de nouvelles bases ? Est-ce qu’on peut changer le passé ? On s’en fiche. Ou plutôt : chacun connaît déjà la réponse. Le charme irrésistible du film est ailleurs. Tout spectateur retrouvera instantanément l’essence de ses années lycée, mieux encore qu’avec une reconstitution directe, comme le fut un précédent film, déjà formidable, de Lvovsky, La vie ne me fait pas peur. Dans Camille redouble, cette liberté, cet élan juvénile qui projettent l’héroïne vers les autres (parents, amies, profs, garçons) sont délestés de toutes les contraintes propres à l’instant présent. Si, pour le commun des mortels, l’adolescence est sur le moment un brouillon indéchiffrable, le film nous offre un luxe : la version « au propre », celle où l’on y voit enfin clair, où l’essentiel saute aux yeux. La seconde fois est bien plus belle que la première. Camille redouble, et c’est ce qu’on souhaite à tout le monde. Louis Guichard. Télérama.fr

En 1993, Noémie Lvovsky signe son premier long-métrage, le brillant Oublie-moi, portrait d'une jeune femme tourmentée. Elle tourne ensuite pour Arte Petites, récit de l'amitié entre quatre adolescentes et La Vie ne me fait pas peur, son deuxième long qui lui vaut le Prix Jean-Vigo et le Léopard d'argent au Festival de Locarno en 1999. Les Sentiments (2003) est salué par le prix Louis-Delluc. Quatre ans après, elle signe Faut que ça danse !, un portrait de famille qui mêle fantaisie et émotion. En 2001, la cinéaste fait ses premiers pas de comédienne dans Ma femme est une actrice d'Yvan Attal, rôle qui lui vaut une nomination au César du Meilleur second rôle. Sa carrière de comédienne se poursuit avec France boutique, Rois et reine, L'un reste, l'autre part ou encore Actrices, Coco, Les Beaux gosses, Bus Palladium  Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d'amour..., Les Mains libres et Présumé coupable, 17 filles, Les Adieux à la reine. Elle réalise en 2012 son cinquième long-métrage de cinéma, Camille redouble, dont elle est également la scénariste et la tête d'affiche, une première pour la cinéaste. Elle écrit pour Valeria Bruni-Tedeschi le scénario d'Un Château en Italie en 2013 puis apparaît dans des comédies, notamment dans Adieu Berthe de Bruno Podalydès et Chez nous c'est trois, de Claude Duty. Elle retrouve par la suite le réalisateur Riad Sattouf pour Jacky au royaume des filles. Avec la comédie Tiens-toi droite, Noémie Lvovsky donne la réplique à Laura Smet et Marina Foïs. Après avoir joué des personnages secondaires dans Les Jours venus, Comme un avion et La Belle Saison, l'actrice campe le rôle-titre de Rosalie Blum, l'adaptation de la bande-dessinée du même nom créée par Camille Jourdy.

Elle poursuit avec l'original chronique familiale Demain et tous les autres jours, qu'elle écrit et réalise, et prend part à l'ambitieux film historique Un peuple et son roi de Pierre Schoeller. En 2018, elle retrouve la comédienne et réalisatrice Valeria Bruni Tedeschi pour Les Estivants, s'inspirant de la propre histoire de cette dernière. 
Aimant jouer dans des comédies sociales, comme sa prestation dans Les Invisibles en témoigne, Noémie Lvovsky entame l'année 2020 avec la comédie féministe La Bonne épouse et le drame sur la prostitution Filles de joie, qui sortent à une semaine d'intervalle.

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Ce film est interdit aux moins de 12 ans.